L’opinion de gauche

Réunion des secrétaires départementaux
L’opinion de gauche entre sidération et basculement

La première réunion des secrétaires départementaux depuis le congrès s’est tenue le 20 mars à Fabien dans « un contexte politique, dit le rapporteur Jacques Chabalier, dont nous mesurons la gravité et la complexité ». Il rappelle les quatre grands axes de travail, retenus par le CN, pour la période à venir : mettre en mouvement contre les politiques d’austérité ; préparer les élections de 2014 ; rendre crédible un projet politique de sortie de crise ; déployer une nouvelle phase du Front de gauche.
Devant l’offensive austéritaire tout azimut, « la situation est devenue intenable pour l’immense majorité de nos concitoyens » estime le rapporteur. Des militants font état de « l’incompréhension, du risque de résignation pouvant aller jusqu’au désespoir qu’ils ressentent chez les gens. » Dans ce cadre, « le message de notre campagne ne peut être une simple dénonciation dans l’hypothétique espoir, bien illusoire, d’en tirer les bénéfices électoraux l’an prochain. (…) Il est au contraire de montrer qu’il est possible dès aujourd’hui de gagner, que l’on peut arracher des succès ». Une commission est chargée d’animer cette campagne d’ « alternative à l’austérité », de la rendre visible, cohérente, de prendre des initiatives. « Les choix que nous impose le gouvernement ne sont pas une fatalité, d’autres choix existe face à l’austérité » : tel est le message qu’il s’agit de faire passer, en articulant les différentes actions en cours : ANI, emploi et précarité, industrie, santé, retraite, droits des salariés, décentralisation, droits des femmes.
Un relevé des initiatives qui se tiennent à travers le pays est en cours, pour en avoir une vision d’ensemble, pour signifier que chaque action participe d’une dynamique nationale. « Car il se fait beaucoup de choses ». Une semaine d’action est prévue lors du début de l’examen par l’Assemblée du projet de loi sur l’ANI, le 2 avril. Une pétition, intitulée « Le Medef ne doit pas faire la loi ! » est lancée ; elle cible les dispositions du texte les plus nocives et porte quelques propositions fortes, alternatives, en lien avec les amendements et projets de loi que vont défendre les parlementaires (le CDI doit être réaffirmé comme la norme ; le recours aux intérimaires encadré ; droit automatique au passage à temps plein pour les partiels ; droit de suspendre un plan social ; loi interdisant les licenciements boursiers ; droit de préemption pour les salarié).
Le rapporteur propose d’établir un calendrier tenant compte d’une forte actualité sociale : semaine d’action contre l’ANI donc ; examen à l’Assemblée de la loi d’amnistie ; meeting européen de Marseille (Martigues) le 10 avril ; journée d’action du 25 mai sur la santé ; alter-sommet d’Athènes les 7 et 8 juin ; projet sur les retraites... « Cette campagne doit également constituer une étape importante dans les nouveaux développements du Front de gauche auxquels notre congrès a décidé de travailler ».

Rassembler aux municipales

La seconde partie du rapport est consacrée aux municipales de 2014. Le comité exécutif national venait de discuter de cette échéance à partir d’une introduction de Pascal Savoldelli auquel se réfère Jacques Chabalier. « La démarche dont nous avons débattu à l’exécutif et dans laquelle nous pourrions nous engager, dans les petits villages comme dans les grandes villes, est de rassembler non seulement les électeurs Front de gauche mais aussi les électeurs socialistes, verts, divers gauche et surtout tous les citoyens désirant s’inscrire dans une action municipale solidaire et démocratique. Il n’y a pas de contradiction mais complémentarité entre notre stratégie de Front de gauche et notre volonté de nous adresser au maximum de citoyens afin de construire des listes qui soient porteuses de projets municipaux bien ancrés sur nos valeurs ». Un Conseil national élargi est prévu les 25 et 26 mai mais dès à présent il est proposé de multiplier les initiatives citoyennes « et de mettre en débat, dans toute la diversité du FDG, la constitution de coopératives citoyennes ou de comités locaux d’initiatives citoyennes, villes par villes, pour la plus grande appropriation par les gens des projets, des listes, des exigences, des terrains de lutte... »
Le rapporteur évoque enfin un des objectifs que s’est donné le congrès, assurer une relation plus étroite, mutuellement avantageuse, entre direction nationale et directions départementales. « L’objectif essentiel est de permettre à notre exécutif national de débattre, de prendre des décisions en ayant à disposition immédiate les connaissances nécessaires sur les fédérations, sur la mobilisation des communistes, sur les questions politiques qu’ils se posent, sur les initiatives qu’ils prennent, de mieux instruire donc nos débats et décisions en lien avec le parti ; et à rebours de permettre aux fédérations de disposer rapidement des éléments d’information sur les décisions de la direction nationale : c’est un lien politique permanent que nous voulons créer ». Il insiste encore sur les nouvelles dispositions prises au niveau des régions pour faciliter ces liens.
Pour aider les directions départementales et de section à exercer au mieux leur responsabilités, un nouvel INFO-FEDE va être édité, « donnant chaque semaine les éléments d’analyse et d’information dont ils auront besoin » ; deux sessions d’un stage « Aide à la fonction dirigeante » sont prévues, à la Pentecôte puis à la Toussaint.

Ça bouge dans les têtes

Le débat qui suit porte essentiellement sur « le contexte » politique et sur la préparation des municipales. Contexte : deux formulations différentes, mais pas forcément contradictoires, disent une opinion de gauche partagée entre la désespérance et le « basculement ». La dureté de la crise, et de la politique gouvernementale, est systématiquement évoquée. Une certaine difficulté de mobiliser va avec : misère, expulsions, tendance au repli, au renoncement, au chacun-pour-soi, image dégradée de « la gauche »,
menace de l’extrême droite, logiques régressives, recul démocratique (entre autres avec l’Acte III de « décentralisation »).
Mais dans le même temps, certains parlent d’un basculement ( Olivier Dartigolles) de l’opinion de gauche, une opinion préoccupée et plus attentive aujourd’hui aux propositions alternatives, à la recherche de solutions, d’issue, de sortie de crise et d’une démarche crédible. Au PS, il y a bien des partisans de la méthode Coué, des adeptes du tout va très bien madame la Marquise, mais nombre de socialistes sont apeurés, inquiets, mesurant que l’orientation suivie mène à l’impasse. « Nombre d’électeurs socialistes s’interrogent ». La mise en mouvement des militants est compliquée mais on signale, dans la partielle de l’Oise par exemple, une dynamique retrouvée du Front de gauche. Des intervenants parlent de « redonner confiance », de « recréer des réseaux de solidarité », de « passer de la pédagogie du renoncement à la pédagogie de l’alternative », de « retrouver la grande dynamique de 2012 », de « reprendre le drapeau de la mobilisation du printemps dernier ». Concernant 2014 (et du scrutin dans les petites villes), plusieurs dirigeants voient déjà la possibilité de « doubler le nombre d’élus ». « On a besoin de faire beaucoup, beaucoup, beaucoup de politique « (Hervé Bramy). De bonnes questions sont posées : « Qu’est-ce qui pousse, aujourd’hui, un électeur socialiste de 2012 à préférer l’abstention plutôt que de voter Front de gauche ? »
Dans ses conclusions, Pierre Laurent rappelle que si le choc ressenti dans l’électorat de gauche est réel, si la désespérance est bien là, il faut aussi tenir compte d’autres éléments, les forces accumulées à gauche (Front de gauche), la mobilisation du mouvement social (voir le congrès de la CGT). Dans les têtes, c’est en train de bouger. Sur les municipales, il appelle à « changer la manière d’entrer dans le débat », à le politiser, à faire des grands enjeux (comme le logement) des débats publics.

G.S.



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