Convention Europe

Pour une Union coopérative et solidaire

Le nouveau projet européen du Parti Communiste a été discuté ce samedi 16 novembre, place du Colonel Fabien, à Paris, lors d’une Convention nationale qui réunissait les membres du Conseil national et les délégués de fédérations, soit 180 responsables, et en présence de nombreux invités français et étrangers. Le document intitulé « Refonder l’Europe » a été présenté par le député européen Patrick Le Hyaric. « La question européenne se présente aujourd’hui sous un jour radicalement nouveau par rapport à toutes les périodes passées » rappelle-t-il d’emblée. Pour les communistes, il s’agit de rompre avec les fondements de classe de l’actuelle Union européenne, c’est à dire dénoncer la mise en concurrence généralisée, contester la financiarisation de l’économie, s’attaquer à une construction verticale et antidémocratique. « La question se pose : est-il possible de rompre avec ce type d’Europe sans tomber dans le chacun pour soir ? C’est là un grand combat de classe de notre temps ».
Patrick Le Hyaric répondait ensuite à trois questions : quelle doit être la finalité d’une Europe refondée ? Réponse : un nouveau modèle social et écologique avancé dans la mondialisation. Quel nouveau type d’Union européenne ? Une union de nations et de peuples libres et associés. Quel chemin pour y parvenir ? En mobilisant et en favorisant les convergences autour de quelques exigences essentielles comme arrêter l’austérité, libérer les Etats de la toute puissance des marchés financiers, restaurer la démocratie et refuser le traité transatlantique. Le même texte, rappelons-le, aborde ensuite 18 questions et met en débat des propositions sur la démocratie, l’avenir d’un euro mis au service des peuples, la transition écologique.

Ensuite, la convention procède à deux auditions. Aurélie Trouvé, co-présidente d’ATTAC, dit partager l’essentiel de la démarche du rapporteur . Elle appelle à une refondation démocratique européenne, une refondation d’une Banque centrale européenne ; elle propose un audit de la dette, un désarmement de la finance, une socialisation des banques, la suppression des paradis fiscaux par l’harmonisation fiscale (et sociale) par le haut, une taxe sur les transactions, des liens plus étroits le social et l’écologie, un refus du « marché transatlantique ». Concernant les alliances, elle admet qu’il y a un vrai problème pour fédérer durablement les mouvements alternatifs en Europe. Face au bloc capitaliste dur, il faut un bloc progressiste, dit-elle ; cela ne se fera pas avec une seule force ni derrière un seul homme mais il faut travailler à rassembler toutes les forces, pousser aux luttes sociales, à la coopération dans l’autonomie de chacun.
Le sociologue et enseignant Michel Vakaloulis intervient dans la foulée sur les questions de la jeunesse.
Ateliers et débats

Puis la convention se partage en plusieurs ateliers ; une synthèse de ces « ruches » fut présentée en plénière, en début d’après midi, par Véronique Sandoval. « Un très large assentiment s’exprime sur les orientations » du document, dit-elle même si le débat dans le parti ne fait que commencer. Elle pointe des « questions à creuser », comme le rôle des services publics, les politiques migratoires, les convergences des luttes, la dette ou le rapport nation/Europe.
Le débat qui suivit, une vingtaine de participants, revint sur certains de ces enjeux : quel libre choix pour les pays membres de l’Union ?comment articuler ce combat européen et la bataille sur l’utilisation de l’argent ? quelle place pour le féminisme ? réorienter pour refonder, qu’est-ce que cela implique de neuf ? où est l’enjeu culturel dans ce combat ?quid de la souveraineté nationale ? il fut encore question de la BCE, de la jeunesse, des PC d’Europe, de désobéissance, de fonction publique européenne, de rapports avec le Sud.
Dans ses conclusions, Pierre Laurent se félicita du travail réalisé dans le cadre de cette convention, une forme nouvelle d’organisation du travail, appelée à se répéter ( une prochaine convention est prévue sur le modèle industriel, social et économique). Le secrétaire national considère que le document sur l’Europe constitue « une étape essentielle » dans la réflexion communiste.Le problème n’est plus aujourd’hui de dresser un bilan de cette Europe, tout le monde parle d’échec ; ce qui est d’actualité, c’est « la bataille des solutions » et la solution communiste, une union de nations et de peuples souverains, libres et associés » n’est pas une simple formule mais un guide pour l’action. Face à la « rupture démocratique » et à l’autoritarisme de Bruxelles, cette notion d’union coopérative et solidaire offre une perspective. Sinon, c’est le repli, l’enfermement, le chacun pour soi. Il ne faut pas laisser le monopole du débat aux autres, aller vers un front anti-austérité et faire entrer au Parlement européen en mai prochain de très nombreux députés progressistes. L’intégralité des travaux de la Convention sera publié dans un numéro spécial de la Revue du Projet.

G.S.



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