CN / PCF / Septembre 2010 / Synthèse

Faire entrer le débat sur l’alternative dans le paysage

La matinée est occupée par le rapport d’Eric Corbeaux sur la situation
politique, puis par la discussion.

Le rapporteur évoque « ce mois de septembre 2010 exceptionnel, marqué
par une manifestation de plus de 2millions 750 000 personnes », au
moment même où « nos élus ont bousculé la mise en scène qui était réglée
d’avance à l’Assemblée Nationale et placé le pouvoir en difficulté ».

Il soutient l’exigence syndicale d’ « une négociation tripartite
syndicat/patronat/gouvernement, arguant du fait que la protection
sociale et son financement sont de la responsabilité même des salariés
car assis sur les richesses créées à l’entreprise. »

Il détaille les initiatives politiques à prendre « pour hisser notre
combat au niveau des exigences et des urgences sociales ». Les
communistes ont fait preuve « d’une vitalité militante et d’une unité
combative très présentes dans les manifestations ». Cette énergie est à
nouveau sollicitée pour les nouveaux rendez-vous de lutte annoncées par
les confédérations qui restent unis, « pour imposer un bras de fer au
gouvernement », notamment le 15 septembre, devant l’Assemblée nationale
et le 23 septembre, grande journée de grève unitaire et de manifestation
nationale, au moment du passage au Sénat. Le rapporteur propose « 
d’amplifier » la campagne de signatures sur la proposition de loi des
parlementaires communistes et PG, avec l’objectif de 250 000 noms le 23
septembre.

« Le rapport de force sur les retraites va être décisif pour la suite »,
car dans ce pays où « l’idée que l’ultra droite et Sarkozy, c’est
toujours plus d’injustices, de sacrifices pour les familles populaires
alors que les fortunés sont toujours plus fortunés », les dossiers
lourds s’accumulent. Eric Corbeaux cite l’éducation, la santé, l’emploi,
les collectivités locales. Reprenant une formule de Pierre Laurent, il
estime que cette rentrée 2010 est « la rentrée de toutes les crises »,
crise capitaliste, crise démocratique, crise politique.Il en souligne
les potentialités : force des mobilisations et des rassemblements,
ampleur de l’engagement de différentes catégories sociales, évolution
des consciences. Il en montre aussi les limites, et principalement « 
l’absence d’alternative crédible à gauche. (…) L’antisarkozy, la colère
voire la haine contre les injustices sont réels et très forts dans les
consciences ! Mais, nous le savons il n’y a pas d’automaticité ! C’est
d’ailleurs l’angle d’attaque principal de la droite et pour cause pour
contrer la rue. La gauche n’aurait pas fait autrement ! »

Il pointe cette contradiction entre un énorme besoin d’alternative
politique exprimée par les mouvements sociaux et sociétaux d’une part,
et un paysage politique ( voir les universités d’été du PS ou des
Verts-Europe Ecologie par exemple) marqué par des débats politiciens.

Travailler l’alternative

« Notre combat politique ne peut donc se limiter aux luttes et à la
bataille d’idées, même si c’est important. Il faut absolument pour le
mouvement social, pour notre peuple travailler à un débouché politique
solide sur du fond. » C’est le sens du Pacte d’Union Populaire : « Aider
notre peuple à transformer sa colère en force de changement ».

Corbeaux termine son rapport avec la question des élections cantonales
de mars 2011 : « Elles auront une dimension nationale et locale avec des
conseillers généraux communistes sortants qui sont des points d’appuis
pour leurs populations. Nous avons 104 sortants, réalisé 7,84% en 2004
et présidons 2 conseils généraux. C’est dire tout l’enjeu politique de
ces élections pour les populations, pour le parti, pour le Front de
Gauche. ». Les communistes ambitionnent, par une campagne de proximité,
« de conserver et de gagner de nouveaux cantons dans une élection qui
sera difficile surtout si nous prenons du retard. »

Une trentaine d’interventions suivent le rapport. Il y est bien sûr
beaucoup question de la journée d’action du 7, des journées à venir. De
nombreux intervenants font part de l’ampleur des manifestations ( on
parle d’un niveau de mobilisation comparable à celui du mouvement contre
le CPE), de la détermination des manifestants, de la place prise par les
salariés dans ce mouvement, du nombre significatif (et nouveau) de
grèves dans le secteur privé. Dans le même temps, on attire l’attention
sur la violente offensive anti-syndicale que mènent actuellement la
presse de droite (Le Figaro est en pointe) et le MEDEF. Comme si le
patronat pensait qu’il avait un rapport de force pour casser du
syndicat ? Un constat en tout cas s’impose : cette hausse des luttes
populaires et de la réaction patronale exprime une accentuation de la
lutte des classes.

On parle de « changement de climat », d’évolution d’une partie des
médias, de situation difficile pour la droite ; on pointe volontiers les
hésitations du PS et son attitude contradictoire sur l’enjeu des
retraites par exemple. Tous les orateurs font état de l’immense ras le
bol qui existe à l’égard de la droite, identifiée au privilège et à
l’injustice ; cette exaspération pousse naturellement à vouloir chasser
ce pouvoir. Un débat, de méthode, s’amorce : le chasser oui, mais, disent
certains, ne soyons pas dupes, pas à n’importe quel prix, pas pour
refaire la même politique sous d’autres couleurs. Pas d’accord avec
cette façon de dire, réagissent de nombreux autres orateurs. Chasser la
réaction est un impératif ; ça ne supporte pas de mettre de bémols ; les
communistes veulent battre la droite, sans la moindre hésitation. « Ne
megotons pas » dit par exemple Marie-George Buffet. Bouder la lutte
antidroite serait catastrophique, « politiquement intenable ». Il n’est
pas question d’opposer cette aspiration, formidable, et le besoin de
contenus nouveaux. Il faut battre Sarkozy et rassembler à gauche, battre
Sarkozy et faire autrement. La question de contenus n’est pas un
préalable au changement de pouvoir, il en est le naturel prolongement.
Changer de pouvoir et changer de politique, pour eux, c’est tout un ;
battre et rassembler, battre et gagner.

A condition que le plus grand nombre s’y mette, bien sûr : cet autre
thème est volontiers évoqué dans le débat. Le peuple pour l’heure, s’il
est en colère, s’il dénonce, revendique, demeure plutôt spectateur du
débat politique ; il entend, il note, il compare mais il intervient peu
sur ce dossier. Les communistes proposent d’en faire l’acteur du
changement. C’est ainsi qu’ils peuvent se montrer utile. Il s’agit moins
pour eux de dire, par exemple, que l’école va mal ; tout le monde en
convient ; mais de définir avec les intéressés, quelle autre école est
nécessaire, avec quels objectifs et quels moyens. Plusieurs
intervenants, insistant sur le besoin « d’une gauche qui gagne et qui
réussisse », montrent que le Pacte d’union populaire » a précisément cet
objectif, celui d’un projet progressiste élaboré par le plus grand
nombre, un projet partagé, de grandes réformes progressistes (retraite,
école, santé, libertés, institutions) examinées et travaillées en
commun. D’où le besoin de rencontrer très largement les gens de gauche,
du mouvement syndical ou associatif, de les convaincre de s’engager dans
cette démarche. Cela passe très concrètement par la collecte de dizaines
de milliers de coordonnées de citoyens qui seront informés, sollicités,
associés, dans les entreprises ou les quartiers. Un travail de contenu « 
qui ne peut pas attendre 2012 », c’est maintenant qu’il commence

Pierre Laurent rappelle le soutien sans réserve du PCF aux initiatives
du 15 et du 22 septembre prochain. Sur la question de l’alternative, il
interroge : « Serons nous capables de faire entrer dans le paysage ce
débat sur l’alternative ? ». Cela va demander un gros effort militant,
dit-il tout en précisant qu’il existe dans la société un grande
disponibilité pour ce travail.

Lors de la (courte) séance de l’après midi , le secrétaire national
présente l’organigramme de la direction du PCF et le calendrier de travail.

Gérard Streiff



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