Après le 49.3

Loi Travail/Après le 49.3
Le combat est loin d’être fini
Le pouvoir prétend passer en force avec la loi El Khomri mais le mouvement d’opposition non seulement n’est pas cassé mais prend de l’ampleur. Entretien avec Jacques Chabalier, membre de la direction du PCF, responsable du secteur Vie du parti.
Comment analyses-tu ce choix du 49.3 pour imposer la loi travail ?
C’est bien sûr un déni de démocratie, un coup de force qui pose une fois de plus la question du rôle du parlement. Mais c’est aussi un déni de démocratie par rapport à tout ce qui s’exprime dans le pays. Une majorité de gens refusent cette loi, beaucoup l’expriment sous des mobilisations diverses ( manifestations, journées d’action, grèves, Nuit debout…). L’argument du pouvoir disant qu’il y a blocage ne tient pas. Quand il n’y a pas de majorité parlementaire, et une majorité dans le pays qui refuse un texte, la règle première de la démocratie, c’est de retirer ce texte pour discuter sur de toutes autres bases. Le gouvernement veut décourager le mouvement en cours ; imposer un texte qui est dans la droite ligne de sa politique libérale depuis 2012 ; aller encore plus loin dans ses orientations politiques à droite et au centre. Il essaie de tuer l’idée même de gauche dans ce pays, l’année où nous allons fêter le 80è anniversaire du Front populaire. Il y a continuité de sa part et même une accélération, politique et symbolique, de ce qu’il veut faire. Mais le combat est loin d’être fini. Il y a des points d’appui nouveaux qui apparaissent en ce moment. Il y a bien sûr tout ce qui s’est passé depuis le mois de mars, les journées de mobilisation, Nuit debout, etc, qui ont changé le paysage politique dans ce pays. L’action va se poursuivre. Les discussions au Parlement ne sont pas finies. Et surtout le recours au 49.3 peut entraîner une mobilisation supplémentaire. Des actions sont annoncées ; il y a eu la journée du 12 ; de nouvelles journées d’action sont annoncées le 17, le 19. On voit bien que tous ceux qui cherchent une alternative à cette loi travaillent à faire grandir l’expression et la mobilisation. On sent que le mouvement ne s’arrêtera pas.
Que penser du débat à gauche au Parlement ?
Il montre justement cette aspiration à une alternative. La recherche d’une motion de censure de gauche à l’Assemblée, le vote même avec ses limites, disent qu’aujourd’hui de plus en plus de gens sont en quête d’une alternative non seulement à la loi mais une alternative politique. Ils perçoivent mieux le scénario dans lequel on veut les enfermer lors des échéances de 2017 ; ils s’efforcent de construire un socle commun, à partir d’une autre politique, un rassemblement qui permettrait d’affronter ensemble ces échéances et de sortir du piège dans lequel nous sommes. Le mouvement Nuit debout, l’Appel des cent traduisent à leur manière cette recherche.
Quelles initiatives de la part du PCF ?
Le PCF est totalement impliqué dans cette démarche, avec ses propositions, ses initiatives. Il s’agit de favoriser toutes les convergences possibles, à partir de contenus débattus ensemble. Il convient maintenant de franchir une étape, en particulier avec le développement de notre consultation, ce questionnaire qui est à présent entre les mains des communistes. Cette démarche est connue, elle est identifiée y compris par les médias, elle commence à être visible. L’étape que nous devons franchir, y compris avec notre congrès, consiste à la populariser, faire en sorte que chaque communiste remplisse lui-même le questionnaire et puisse, avec ce document, se tourner vers les gens qu’il connaît, dans son environnement, faire grandir ainsi la participation et l’exigence de changement. Il faut organiser des moments de restitution de ce travaill, qui pourront avoir lieu au plan national, au congrès, à la Fête de l’Humanité, mais aussi à l’échelle des départements, des circonscriptions pour montrer toutes les convergences possibles. Je le répète, c’est maintenant une étape essentielle à franchir. Dans le même temps où, bien évidemment, le PCF continuera à être présent dans tous les mouvements de rassemblement, d’opposition, de mobilisation contre la loi El Khomri. Cette question sera au coeur de notre congrès ; il s’agira de voir comment toutes ces recherches d’alternative pourront converger vers un nouvel espoir à gauche, une nouvelle construction politique. Tel est le débat qui anime les communistes, un débat qui ne se fait pas en conclave mais bien dans les mobilisations, dans la vie, et ça, c’est une grande richesse.
Propos recueillis par Gérard Streiff



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