Débats/Congrès/3

Congrès
La mobilisation du parti dans le débat est très importante

Caractériser la situation politique, prendre des initiatives pour amplifier les luttes, apprécier l’état du débat préparatoire du prochain congrès et adopter une proposition de base commune, tel était l’ordre du jour, chargé, du CN des 5 et 6 mars. Entretien avec Igor Zamichiei, secrétaire de la Fédération de Paris, qui y présentait le rapport introductif.

Ton rapport qualifie la « loi Travail » comme la loi de trop. Pourquoi ?

Pour des millions de nos concitoyens, en effet, cette loi est vécue comme la loi de trop. La loi de trop pour les jeunes à qui notre société n’offre aucun avenir, pour les femmes dont la précarité s’aggraverait encore, pour des millions de salariés qui n’en peuvent plus de l’insécurité permanente, pour les syndicalistes dont l’action est chaque jour un peu plus criminalisée, pour les chômeurs pour lesquels le retour à l’emploi s’éloigne encore un peu plus. Le bilan du quinquennat de François Hollande est déjà catastrophique pour le monde du travail. La loi travail, si elle était adoptée, constituerait une nouvelle étape dramatique. Il s’agit donc de mettre en échec ce projet, d’amplifier la mobilisation dans le pays, de déployer dans le même temps notre campagne pour l’emploi. D’où l’adoption par le CN d’une déclaration sur ces questions (voir page précédente). Ces actions peuvent être un point d’appui pour relancer, avec de très nombreuses forces, la construction d’une alternative politique de gauche.

Il s’agit, dit ensuite le rapport, de « ne pas rater l’étape de 2017 ». C’est à dire ?

On est dans une situation inédite où on veut nous vendre le scénario d’un match à trois entre le Président sortant, le candidat de droite et Marine Le Pen. Un scénario infernal et il n’existe aucun raccourci, aucune solution de facilité pour le déverrouiller. Personne ne pense que le choix tactique qui est proposé dans la résolution sur les échéances de 2017 - investir l’appel à une primaire de gauche - suffira à inverser le rapport de force politique. Un long processus politique visant des reconquêtes idéologiques, sociales et démocratiques imposant une alternative au libéralisme, et plus profondément au capitalisme, est devant nous.

Concernant le Front de gauche, tu effectues un « point d’étape ».

Nous ne voulons pas brader l’acquis du Front de gauche. Mais il nous faut aussi pointer les difficultés sur lesquelles nous avons buté. Avons nous souffert d’un déficit de radicalité ? ou d’alliances à géométrie variable aux élections locales ? Non, nos vraies difficultés sont ailleurs. L’opinion doute de la possibilité aujourd’hui d’une alternative de gauche. Le Front de gauche, ses propositions ne sont pas identifiés à un projet d’avenir. Les composantes du Front de gauche peinent à assumer leurs différences. Et puis on a eu du mal à organiser concrètement l’investissement populaire dans le champ politique. Alors comment dépasser ces difficultés ? Nous devrions travailler à des objectifs politiques de long terme. Cela suppose d’agir dans au moins trois directions : élaborer un nouveau récit émancipateur qui déplace le débat politique des enjeux identitaires aux enjeux de classe ; constituer des fronts d’idées et d’actions pour gagner des avancées concrètes dans lesquels toutes les composantes du mouvement social agissent ensemble ; expérimenter des formes d’investissement populaire plus avancées et durables, de la solidarité concrète à des pouvoirs d’intervention complémentaires à la souveraineté des organisations.

Ton rapport évoque ensuite les trois objectifs du 37e Congrès.

Il y a le projet communiste d’abord pour que notre parti soit à nouveau identifié dans la société française à de grands combats émancipateurs. Nos choix pour les échéances de 2017, ensuite, car la mise en œuvre de ce projet sera confronté à d’immenses obstacles si nous ne déverrouillons pas la situation politique. Les transformations du PCF enfin pour hisser notre parti à la hauteur des grands défis du XXIe siècle et de la nouvelle séquence politique en France. ( Sur ces trois points, voir les présentations, page suivante, des trois rapporteurs, Marc Brignoles, Olivier Dartigolles et Emilie Lecroq.)

Comment tu apprécies l’état du débat préparatoire dans le parti ?

Les éléments recueillis par la commission transparence des débats montrent que les communistes sont entrés dans la préparation du Congrès. Mi-février, on estimait à plus de 10.000 le nombre de camarades ayant participé à des réunions pour débattre des enjeux du Congrès, dans des conseils départementaux, des assemblées générales de sections ou des réunions spécifiques. De plus en plus de fédérations ont élaboré un plan d’animation du débat. Sont prévus souvent des échanges thématiques sur le projet, par exemple sur l’Europe, ou des débats sur les deux autres objectifs du congrès, les perspectives pour 2017 et les transformations du PCF. La commission a mis en place le site Internet du congrès, la lettre d’information hebdomadaire. Le site internet congres.pcf.fr a reçu à ce jour 26.000 visites, et près de 300 contributions y ont été déposées. Les pages du site ont par ailleurs été consultées près de 130.000 fois. ( Lors de notre précédent congrès, nous n’avions atteint le nombre de 300 contributions qu’à la date du Congrès). Ces chiffres montrent que la mobilisation du parti dans les débats, à trois mois de l’échéance, est très importante.

Rappelle nous, STP, quel est le calendrier d’ici le congrès.

La direction vient donc d’adopter ce week-end la proposition de base commune. Il y a la possibilité de déposer des textes alternatifs, qui est ouverte jusqu’au 6 avril prochain à 18h. Le vote des adhérents pour le choix de la base commune se déroulera du 2 au 5 mai à 16h. Ensuite se tiendront les congrès de sections et de fédérations du 6 au 29 mai. Enfin le congrès national aura lieu du 2 au 5 juin.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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