Renouveau industriel

Renouveau industriel
Le projet communiste

Quelle industrie, demain, pour la France ? Le PCF a décidé, à son dernier congrès, de reformuler son analyse et son projet sur cet enjeu. Lors de la session du Conseil National du 11 avril, Alain Obadia a présenté un avant projet de document intitulé « Une nouvelle industrialisation : un enjeu majeur pour la France en Europe ». Cette approche va servir de base aux débats des communistes, dans la perspective d’une « Convention Industrie » à l’automne prochain (dates ?).

Le texte, d’une vingtaine de pages, part de cet objectif : « Un nouvel essor de l’industrie est indispensable pour ouvrir des perspectives de développement humain durable à notre pays ». Le pacte de responsabilité de François hollande prétend aider « l’entreprise » par de nouveaux cadeaux aux patrons qui ne serviront en fait que les actionnaires. « Il ne s’agit pas simplement d’opérer le redressement productif ou de réindustrialiser comme si le retour à des conceptions antérieures suffirait à faire face aux enjeux, ajoute le texte : il s’agit de promouvoir un nouveau système productif apte à répondre aux défis technologiques, sociaux et environnementaux de notre époque, de rompre avec la dictature de la financiarisation, de faire barrage à la logique de baisse du coût du travail, d’instaurer enfin de nouveaux pouvoirs d’intervention pour les salariés. »
Le document précise en quoi « la maîtrise sociale des gains de productivité constituent une question majeure », montre bien que « les justifications idéologiques visant à minimiser l’importance de l’enjeu industriel ont explosé les unes après les autres », note que l’industrie est indispensable pour relever les défis de l’emploi et indique enfin qu’aucun problème structurel ( retraite, pouvoir d’achat…) ne pourra être résolu sans une vigoureuse politique industrielle.

Un nouveau monde industriel

Un nouvel essor, dit le texte, ne peut être « la simple réplique actualisée technologiquement de l’industrie d’il y a 40 ans ». Il insiste sur la nécessité d’une transformation des modèles productifs », autrement dit un renouvellement structurel à toutes les étapes de la production. « Le cahier des charges de la nouvelle conception industrielle » (qualité, durabilité, modularité, sécurité…) est exigeant, impératif. Le document évoque l’imbrication grandissante de l’industrie et des services, souligne la nécessité d’une planification rénovée, écologique, d’un financement durable de cette relance industrielle.
Plusieurs pages sont consacrées à « une nouvelle conception des échanges mondiaux »
Ainsi qu’à une nouvelle « politique industrielle à l’échelle européenne ». Un nouvel essor industriel européen « implique une rupture avec les dogmes étriqués de la concurrence libre et non faussée, de la compétitivité par la baisse du coût du travail ou encore de la rentabilité maximale des capitaux » et la définition de grandes priorités en matière de recherche, de stratégies d’investissements, de soutien à des initiatives communes fondées sur une vision de long terme. « Il est indispensable que les firmes européennes puissent coopérer alors qu’aujourd’hui cette démarche est passible de sanctions pour distorsion de concurrence. Il est indispensable de refonder les traités aujourd’hui formatés par la logique du libre marché sans entraves ».

Filières structurantes

Sur cette base, « promouvoir une politique industrielle adaptée au XXIe siècle » suppose de raisonner en termes de « filières stratégiques » ( une vingtaine de filières structurantes sont identifiées ). Le document énumère alors quelques « exigences démocratiques de cette politique novatrice » : une planification transformée ; mobiliser nos atouts énergétiques ; pôles publics et services publics ; financer l’industrie autrement ; des pouvoirs nouveaux des salariés ; une véritable responsabilité sociale et territoriale de l’entreprise ; transformer les politiques de recherche ; soutenir spécifiquement les PME et ETI ; une bataille politique de haut niveau dans l’entreprise. « Au compromis de régression sociale Hollande-MEDEF, il s’agit d’oppose le défi d’un nouveau compromis social de progrès, tel que fut le programme du CNR dans les conditions de son époque. (…) Il est indispensable d’inscrire ces réponses dans la visée d’une nouvelle civilisation dépassant le capitalisme. Cela concerne particulièrement un recul sans précédent des critères de gestion et du système de pouvoir capitalistes dans la production et les services en même temps que la promotion de nouveaux rapports de la France à l’Europe et de celle-ci au monde. »

Pour conclure, le texte avance trois idées d’importance : il faut faire entrer le processus productif dans un cercle vertueux, à savoir que l’activité au service des besoins engendre l’activité. La nouvelle démarche est fondée sur une démocratisation audacieuse. Enfin, est prônée une pluralité de solutions (propriété publique, secteur coopératif…) afin de « monter en puissance une mixité public/privé de dynamique transformatrice ».

G.S



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