Rentrée des secrétaires fédéraux

Municipales : partir de ce que veulent les gens

Le 4 septembre dernier se tenait à Fabien la réunion de rentrée des
secrétaires départementaux. Jacques Chabalier, dans son introduction,
parlait de crise « gravissime », évoquait l’activité militante de l’été.
« Nous sommes interpellés en cette rentrée sur notre capacité à redonner
de l’espoir, à mettre en débat des propositions alternatives, à la fois
atteignables et crédibles, qui soient en mesure de rassembler. C’est
ainsi que nous pourrons relancer l’ambition d’une politique de gauche
qui réponde aux besoins du pays. Mais cet objectif ne va pas de soi :
une interrogation traverse nos concitoyens, les électeurs de gauche mais
aussi bien sûr les militants communistes et les dirigeants que nous
sommes : peut on ou non espérer modifier réellement la donne et le
rapport de forces ? ».

Le gouvernement s’obstine, il ne change pas de cap, martèle ses thèmes
de compétitivité et de coût du travail ; l’opinion est portée par un
sentiment de colère, qui peut se traduire de diverses manières ; la
droite est mobilisée et le Medef plus arrogant que jamais ; le FN
poursuit son implantation alors que le PS est menacé de décrochage
électoral ; le trouble de l’opinion de gauche est réel.

Dans ce cadre, la démarche des communistes ne peut être une simple
dénonciation, ils doivent mener une campagne constructive, argumentée,
propositionnelle. Si le pouvoir n’entend pas bouger d’ici 2017, « 
personne ne peut écrire ce que seront les évolutions et de l’opinion et
du mouvement social tout au long du quinquennat. (…) Les champs du
possible sont donc toujours ouverts. »

Le rapporteur détaille les modalités de la bataille contre la réforme
des retraites (« Il n’y a rien de gauche dans les dispositions
envisagées ») puis il résume ainsi la ligne que se fixent les
communistes : « Continuer dans la durée un rassemblement à gauche sur
une politique alternative jusqu’à gagner un nouveau cap à gauche. » Une
question qui fait débat au sein du Front de gauche car elle porte sur la
façon dont celui-ci doit s’adresser au pays et aux électeurs de gauche
pour rassembler.

Des options respectables

Jacques Chabalier souligne l’importance de l’enjeu des municipales :
constitution dans chaque ville de majorités de gauche, présence d’élus
communistes et du Front de gauche. L’objectif est clair : battre la
droite, barrer la route aux appétits de l’extrême-droite, réélire des
majorités de gauche dans lesquelles la place des communistes et du Front
de gauche sera renforcée au service de projets utiles, en matière de
logement, de transports, d’éducation, d’accès aux services publics, de
santé, de culture, de loisirs. Pour le premier tour il y aura un choix
de configuration de listes : « Nous ne refusons a priori aucune
configuration pourvu qu’elle soit utile à ces objectifs. » Faisons
confiance dans l’intelligence des communistes, ajoute-t-il, pour
apprécier leur situation locale qui doit prévaloir. Il y a et il y aura
débat. Contradictoire. La seule chose qui compte, c’est les communistes
en possèdent tous les éléments (projets, exigences en termes d’élus)
afin de prendre leur décision. Ce choix devra se faire démocratiquement
ville par ville et le vote devra être respecté par tous.

Une vingtaine de secrétaires départementaux devaient ensuite prendre la
parole. Les mots de « colère » et de « résignation » revenaient
volontiers pour caractériser le climat politique ; il fut question des
retraites, des initiatives estivales ( fêtes, sorties à la mer, ventes
de fruit) qui montrent l’utilité des communistes, leur façon de faire de
la politique autrement, le rôle de leurs élus ; de la banalisation du
discours de haine frontiste ; du besoin de poursuivre la démarches des
Assises (de juin dernier) ; de l’inquiétude de la jeunesse. Les
questions du poids des impôts (pour les plus faibles) et du pouvoir
d’achat sont revenus plusieurs fois. La plupart des intervenants
témoignaient de débats vifs au sein du Front de gauche, avec le Parti de
gauche notamment, débats qui traversaient aussi les rangs des militants.
Des appréciations sur le climat de rentrée semblaient contradictoires :
on parlait de trouble dans l’opinion, de désarroi, voire de désespérance
 ; et dans le même temps des premiers secrétaires constataient qu’il y
avait du monde dans les assemblées de rentrée, que l’envie d’agir était
là, que la visibilité des communistes était meilleure. L’un d’eux parla
« de rentrée enthousiasmante où on se sent mieux écouté qu’avant ».

La situation politique est compliquée, le climat politique « 
imprévisible », « évolutif », nota Pierre Laurent, mais les communistes
abordent cette rentrée avec offensive (retraite, budget, Syrie). Le
discrédit de la politique est net, la défiance à l’égard des querelles
partisanes forte. Renouer le lien, c’est partir de ce qu’attendent les
gens : cela vaut pour les municipales. Les tensions au sein du Front de
gauche ? « Il faut se faire respecter sans alimenter la polémique ».
Dans la préparation des municipales, il appelle à un débat serein et
profond au sein du parti, à veiller collectivement à ce que les
communistes décident en toute connaissance de cause et que tout le monde
s’engage à respecter les décisions des militants, toutes les options
étant respectables.

Gérard Streiff



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