Congrès de l’ANECR

Des élus proches, rassembleurs

Le 17è congrès de l’ANECR se tient à Vitry du 5 au 7 décembre prochain. Entretien avec le Président de l’Association des élus communistes et républicains, Dominique Adenot, sur le contexte dans lequel aura lieu ce rassemblement ; sur les résistances des élus aux mauvais coups ; sur la manifestation du 27 novembre lors du Congrès des maires de France.

Le congrès de l’ANECR se tient dans le cadre d’une crise politique sans précédent, austéritaire et antidémocratique.

On connaît, à mon sens, une situation presque de rupture dans notre pays : une crise profonde, un fossé entre les citoyens et les institutions, une politique d’austérité qui fait très mal aux gens, conduite par un premier ministre qui n’a plus de majorité. Tout cela fait beaucoup de pertes de repères, beaucoup d’angoisses, de replis sur soi. Et le premier ministre n’hésite plus aujourd’hui à enterrer jusqu’à l’idée même de gauche. Dans ce contexte, est-ce qu’on est condamnés à l’austérité pour l’éternité ? à la montée inexorable du Front National ? Au retour de la droite ? à une République où le peuple n’a plus de prise ? condamnés à la marchandisation des services ? Nous, on veut relever le défi : c’est le sens de notre congrès. C’est un atoût de garder des points d’appui dans les communes, les départements, les régions, c’est un appui pour porter des propositions de changement, mettant en avant les besoins, les résultats concrets, en transport, en moyens pour les services, le logement, etc. Evidemment tout cela peut paraître à contre-courant et ça l’est pour une part. On veut contribuer au rassemblement de tous ceux qui se trouvent exclus par la politique actuelle ; on veut redonner de l’espoir, de la force, localement et nationalement, à une gauche digne de ce nom, porteuse d’alternatives. On récuse avec force la campagne qui vise à discréditer les élus, lesquels seraient dépensiers, membres d’une classe politique coupée des problèmes réels. Il y a là un vrai débat à mener : en réalité, dans toutes les réformes qui sont portées en ce moment, le but, c’est d’avoir des territoires au lieu d’avoir des assemblées élues par le suffrage universel !

Cette politique suscite de très vives résistances chez les élus.

Les élus en effet ne sont pas tous l’arme aux pieds, contrairement à ce qu’on pourrait croire ; il y a des éléments sur lesquels la presse fait le black-out, mais je rappelle qu’il y a 13 000 conseils municipaux qui ont majoritairement adopté un texte disant leur opposition à la baisse des dotations. Ce n’est pas rien qu’un tiers des assemblées élues de ce pays prenne position, pour dire : les 28 milliards qu’on vole au service public, ce n’est pas possible ! C’est la même chose quand les élus manifestent leur opposition à la réforme territoriale, qui est une attaque en règle des assemblées élues. Encore un mot sur cette campagne anti-élus : la très grande majorité des élus sont en fait des hommes et des femmes proches, appréciés de leurs concitoyens, qui acceptent comme un engagement militant, bénévolement, un mandat sur le terrain et sont souvent le dernier rempart pour de nombreuses personnes touchées par les difficultés. Tout est fait pour empêcher cette proximité, pour empêcher de reconnaître la validité de l’intervention des gens, pour retirer aux élus locaux le pouvoir de décider. Il y a une fuite en avant vers ce qu’ils appellent la gouvernance, avec de grandes entités, à des échelles concurrentielles, qui gèreraient le pays, loin de tout esprit républicain. Notre congrès se veut un antidote à l’offensive libérale qui se déploie, avec une constante : aller chercher les réponses avec les citoyens. Notre congrès sera marqué par un échange approfondi, franc, vivant ; on va sortir un peu la tête du guidon, prendre la contre-pied de l’isolement ressenti par de nombreux élus. On entend donner un geste public fort de rassemblement de tous ceux qui veulent une autre politique, quel que soit leur parcours antérieur. On a vocation d’être la maison commune, dans un arc extrêment large qui existe déjà dans les conseils municipaux, où il y a des gens qui viennent du mouvement social, associatif, des différentes formations du Front de gauche mais également de très nombreux élus qui sont sans-étiquette. Ces gens, on l’a vu aux sénatoriales, sont prêts à se rassembler quand il y a un projet d’espoir.

Pendant le Congrès des maires, qui précède celui de l’Anecr, vous appelez à une manifestation. De quoi s’agit-il ?

Nous souhaitons en effet, pendant le Congrès des maires de France, manifester au moment de la venue de Manuel Valls, très exactement le jeudi 27 novembre, à 13h30, Porte de Versailles, pour dire qu’il faut mettre un coup d’arrêt à l’austérité et au coup de force anti-démocratique, pour exiger une réforme fiscale d’ensemble qui combat le gâchis par la spéculation et encourage la relance par le pouvoir d’achat, l’emploi, les services publics.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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