Polar, politique et internet

La pétition des auteurs de polar pour JL Mélenchon rencontre un certain succès ; en moins de trois semaines, plus de 80 signatures ont été recueillies, l’objectif de réunir 100 noms de romanciers de « la noire » est tout à fait réaliste. On ne citera personne en particulier, on dira simplement qu’il y a là une belle brochette d’auteurs primés dans les salons polars les plus notoires. Leur réactivité est impressionnante. Certes les auteurs sollicités ont diversement réagi. Certains n’ont pas souhaité répondre ; d’autres ont expliqué avoir fait un autre choix que celui du Front de gauche ; d’autres encore disent attendre que la campagne soit plus avancée pour se prononcer. Ces choix des uns et des autres sont respectables. En même temps, il est manifeste que la candidature de Mélenchon dynamise beaucoup de monde. Certes, le polar français ( notamment) a une tradition de littérature critique, en partie héritier de mai 68, de Jean Amila-Meckert, de JP Manchette, sans oublier la série (« engagée ») du Poulpe, etc. Cette communauté s’est mobilisée par exemple pour l’auteur Cesare Battisti. Aujourd’hui, les signataires se retrouvent sur un objectif précis, le soutien à JL Mélenchon, et un texte précis : chasser Sarkozy, faire vraiment autre chose à gauche. Cette réactivité est à la mesure d’un écoeurement devant les voyous en smoking qui nous gouvernent. La famille du polar a connu bien des querelles internes mais ici, tout se passe comme si la candidature Mélenchon rassemblait largement, fédérait ; anars, libertaires, gauchistes, communistes, socialistes, écologistes, républicains, toutes les sensibilités de la gauche sont représentées. Les signatures sont recueillies uniquement par internet, non pas à partir de fichiers tout faits, de listings, de formulaires standards mais par des échanges individualisés, personnalisés, une sorte de porte-à-porte informatique, un débat de proximité si l’on peut dire. Initiée par Roger Martin ( critique polar), soutenue par Antoine Blocier (salon du polar de Roissy), abritée par Francis Mizio et son site polar « Tata rapporteuse », chroniquée (dans L’Huma) par Christian Rauth, popularisée sur Facebook par Michel Embareck, c’est une démarche partagée qui rencontre un bel écho, dans l’Humanité notamment, l’HD, sur le site du candidat, dans la presse en ligne, Médiapart, Rue 89 ( et Hubert Artus), sur les blogs et les tweets : dans « la noire », le buzz est bon.

Gérard Streiff



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