Droits des femmes

Régression, propositions

Entretien avec Laurence Cohen, membre du Comité exécutif national, responsable du secteur Droits des femmes, Féminisme.

On assiste à un recul des Droits des Femmes aujourd’hui, tes commentaires :
Ce recul est d’autant plus important que nous sommes dans une situation de crise systémique et durable. Nous l’avons dénoncé fortement le 5 mars aux côtés des associations féministes en défilant pour la dignité, l’égalité et la liberté des femmes du monde entier. Besoin d’amplifier nos combats féministes tant les coups sont rudes !
En France, le droit au travail des femmes est bafoué. Le chômage et la précarité se conjuguent majoritairement au féminin.
Pour justifier ces inégalités, le patronat parle de choix : les femmes « choisissent » le temps partiel ! Mais qui dit travail partiel, dit salaires partiels et retraites partielles !
En réalité, le travail des femmes sert de variable d’ajustement au patronat, c’est un laboratoire d’expérimentation qui lui permet d’étendre la précarisation à l’ensemble du monde du travail.
Le droit d’accoucher dans de bonnes conditions est également remis en cause par le démantèlement du service public de santé qui retire les moyens aux hôpitaux publics, entraînant leur regroupement ou encore la suppression des maternités de proximité et des centres d’IVG.
Ce droit à l’avortement est menacé, par une résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, y compris là où il est libre et gratuit !
Et on ne peut parler de reculs des droits des femmes sans parler du poids des intégrismes religieux.

Quelles sont les propositions phares du PCF ?
Pour garantir, aux femmes, l’autonomie financière et la liberté de pouvoir disposer de leur corps, nous faisons plusieurs propositions. Nous exigeons l’abrogation de la contre réforme des retraites, l’égalité réelle des droits au travail, l’augmentation des salaires, des minima sociaux, l’attribution des prestations sociales aux individus et pas selon la situation familiale.
Si les lois sont des points d’appui, elles ne sont pas suffisantes. Aussi, nous proposons des sanctions financières pour les entreprises qui n’appliquent pas les lois sur l’égalité en matière de salaires, formation, déroulement de carrière et retraites.
Les femmes étant tributaires en premier lieu de l’insuffisance des modes de garde, nous réclamons un service public de la petite enfance et la création de 100 000 places d’accueil par an pour les moins de 3 ans.
Nous nous mobilisons pour le remboursement de tous les moyens de contraception (gratuité pour les jeunes filles) et pour le respect du droit à l’avortement.
Enfin, nous exigeons des moyens réels pour l’application de la loi, contre les violences faites aux femmes, arrachée de hautes luttes en 2010.

Femmes et cantonales : où en est la parité ?
Il y a encore un long chemin à parcourir. Au PCF, nous progressons légèrement par rapport aux précédentes cantonales, mais nous n’atteignons pas la parité !
D’une manière générale, avec la mise en place de suppléant-es voulue par Nicolas Sarkozy, la parité est évidemment respectée dans les tandems, mais les femmes sont plus nombreuses à être suppléantes que titulaires.
Il faut se donner les moyens de l’application de la loi sur la parité en prenant non plus des sanctions financières mais des sanctions d’inéligibilité pour les contrevenants et parallèlement exiger un statut de l’élu-e.
La conquête du pouvoir, de son partage effectif entre hommes et femmes dans toutes les sphères de la vie ; un pouvoir qui ne soit plus synonyme d’oppression, mais moyen de construire avec les autres est un enjeu démocratique majeur.
Je ne peux faire abstraction ici de la réforme des collectivités territoriales qui constitue un véritable déni démocratique. Ce serait, si elle était maintenue, la mort de la parité et un outil de centralisation des pouvoirs affaiblissant toute résistance au plus près des gens : les communes et les départements.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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