Retraites/Parlement/Sarkozy

Retraites/Parlement
Nous ne laisserons aucun répit à Sarkozy

Le point sur la bataille des retraites à l’Assemblée Nationale : entretien avec le parlementaire Roland Muzeau, qui défend la proposition de loi des députés Communistes, républicains et Parti de Gauche.

 En quoi cette réforme des retraites est-elle emblématique d’un enjeu de société ?
Roland Muzeau : En 2007, quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, Denis Kessler, ancien vice-président du Medef livrait l’essence du projet politique du nouveau Président de la République : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance(…). Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ». Parce qu’il est un système solidaire intergénérationnel et interprofessionnel, la droite n’a jamais cessé de s’attaquer à notre système de retraite et d’instiller qu’il n’était pas viable. Le projet de loi du gouvernement n’a jamais visé à sauver notre système par répartition mais participe au contraire d’une logique politique ultra libérale qui veut que les acquis sociaux doivent être sabordés, les uns après les autres pour être mieux livrés à la spéculation et à la finance. La loi aggrave la situation des retraités, des plus fragiles et ne règle pas la question du financement des caisses de retraites. Pourtant la crise économique a mis en évidence que le pays qui en souffre le moins est la France grâce à son modèle économique, sociale et solidaire.
 Quel est le sens de la proposition de loi des députés Communistes, Républicains et Parti de Gauche ?
Roland Muzeau : Nous démontrons qu’il est possible de financer l’acquis social qu’est le droit à la retraite à 60 ans en assurant un niveau de pension d’au moins 75 % du revenu net d’activité et permettant de servir des pensions au moins égales au Smic pour tous. Nous défendrons notre proposition de loi déposée en juin dernier (n°2679), apportant plus de 36 milliards de recettes supplémentaires à la protection sociale via : une modulation à la hausse de la cotisation patronale en fonction de la politique de l’emploi et des salaires de l’entreprise, une contribution vieillesse sur les revenus financiers des entreprises et des banques, la taxation des revenus tirés de l’épargne salariale, des stock-options, des retraites chapeaux, des bonus des trader. Nous proposons la suppression des exonérations des cotisations sociales coûteuses et inefficaces. Alors que 50% des déficits sont attribuables à la crise financière, les sacrifices pèseront à plus de 85 % sur les salarié-és, les fonctionnaires. Le capital lui reste épargné. Les questions centrales de l’emploi, d’une autre répartition des richesses sont évacuées.
 Comment les députés communistes vont participer à l’infléchissement du rapport des forces ?
Roland Muzeau : Nous ferons tout pour faire capoter le projet gouvernemental d’implosion du système des retraites. Nous allons ardemment défendre nos propositions. Nous avons remis dans l’Hémicycle plus 100 000 pétitions que nos concitoyens ont signé cet été contre le projet Sarkozy-Fillon-Woerth. Avec un certain nombre d’associations, nous avons également saisi la HALDE parce que nous considérons que certaines mesures existantes et/ou figurant dans le projet de loi de réforme des retraites présenté le 13 juillet 2010 au Conseil des ministres, constituent des discriminations indirectes envers les femmes. Nous ne laisserons aucun répit à ceux qui veulent mettre en cause le principe même d’un système solidaire.



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire