Conseil national, juin

Le chemin pour une alternative sociale de gauche

La session des 14 et 15 juin de la direction communiste était particulièrement importante, et attendue. Quelques semaines après les européennes, il s’agissait tout à la fois de prendre la mesure de la crise, du développement des luttes et des évolutions politiques récentes, de s’interroger sur les modes de rassemblement et surtout de répondre à la question : est-il possible, d’ici 2017, d’esquisser un projet de gauche et un autre avenir pour la France.

Dans son rapport, Pierre Laurent a caractérisé d’emblée le moment politique, « un basculement dans une nouvelle séquence politique du quinquennat », un moment de recompositions politiques intenses. La période qui s’ouvre, 2014-2017, peut être celle de tous les dangers. « Elle est pour nous celle où il est impératif d’ouvrir la voie à un nouveau possible. »
L’approfondissement global et très inquiétant de la crise politique n’est pas sans danger : « Ces risques peuvent-ils être conjurés ? demande le rapporteur . Oui mais à une condition : que s’affirme dans le pays un projet porteur d’espoirs et de mieux vivre (…), un projet de sortie de crise solidaire, un projet pour le redressement de la France, un projet de gauche, un projet de société alternatif et crédible face aux logiques de la concurrence capitaliste et au désastre de la politique gouvernementale actuelle »

Il est beaucoup question dans l’exposé d’initiative politique à prendre, d’efforts à faire, de travail à déployer . Une conférence nationale est d’ailleurs programmé les 8 et 9 novembre prochain. Le rapporteur examine la crise capitaliste : elle est « gravissime », « inégalée », ne s’atténue pas mais s’aggrave. Il montre comment la politique de François Hollande est en échec grave puis il s’attarde sur les différents aspects de la crise politique : une droite brutale ; un fort score du Front National, qui fait la synthèse entre racisme et captation d’inquiétudes sociales et culturelles, un score qui appelle « une bataille idéologique et politique de grande ampleur » contre les prétendues « solutions » du FN ; un ralliement de la social-démocratie française à la troisième voie Blair-Schröder .

La demande d’une politique de gauche

Où en est l’opinion ? Le rapporteur consacre un long développement à la question de la droitisation, un thème qui est revenu plusieurs fois dans le débat : il y a « une droitisation générale du débat politique » mais « cette droitisation politique, si elle fait évidemment de graves dégâts dans les consciences, ne correspond pas à un glissement droitier généralisé de la société. Au contraire, toutes les enquêtes montrent la résistance, voire le progrès dans certains domaines, des valeurs de gauche. (…) La demande d’une politique de gauche demeure très forte. » Mais transformer cette attente en mouvement conquérant n’a rien d’automatique, les obstacles sont nombreux.
« Pourquoi l’échec du pouvoir socialiste ne profite pas au Front de gauche ? » s’interroge-t-il. Là encore, il n’y a aucun automatisme. Un immense effort politique de construction d’un projet rassembleur est nécessaire. D’où l’appel au dialogue à gauche (voir le relevé de décisions) lancé par la direction communiste, un appel « pour reconstruire l’espoir à gauche et l’espoir pour la France » et qui met l’accent sur quatre propositions : amplifier notre activité dans les luttes ; reprendre l’offensive sur des thèmes comme le coût du capital, la priorité à l’humain, la reconquête de l’industrie, le pouvoir aux citoyens, la refondation de l’Union européenne ; intensifier notre travail de projet ; déployer, enfin, avec une audace nouvelle le travail de rassemblement et de construction politique.

Le débat, samedi après midi et dimanche matin, soit plusieurs dizaines d’intervenants, a porté sur plusieurs enjeux : déployer la campagne contre la réforme territoriale ; poursuivre le travail d’analyse des municipales ; bien caractériser le vote Front National ; se préparer aux élections sénatoriales de septembre ; apprécier le bilan du Front de gauche en dépassant le débat « pour ou contre » ; éviter la fausse opposition Front de gauche et rassemblement large.
Dimanche matin, la discussion porta notamment sur l’actualité politique : la veille en effet , il y avait eu la sortie du premier ministre Valls sur « la mort de la gauche » mais aussi la tenue d’une tribune commune, à la mairie du 11é arrondissement, avec les députés frondeurs du PS, des écologistes et Pierre Laurent. Ces faits illustraient parfaitement que la situation politique bougeait vite ; les communistes devaient apprécier « l’actuelle séquences », les difficultés de Hollande-Valls, l’accélération de la crise au PS, les possibilités nouvelles de dialogue à gauche. Une actualité qui montrait aussi la pertinence de l’appel du PCF à tous ceux qui veulent une autre politique et qui ne désespèrent pas de travailler ensemble à une alternative. Un Front de gauche redynamisé pourrait être à l’initiative dans ce travail de large rassemblement.
La session a adopté des. motions de soutien aux cheminots et aux intermittents.

Gérard Streiff



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