Pour un groupe Front de gauche

Quelques tendances du premier tour des législatives avec Lydie Benoist , membre de l’Exécutif, responsable du secteur Elections

De premières pistes sur le scrutin de dimanche dernier ?

Pour l’instant, je donne des tendances, il faudra ensuite faire place à l’analyse. Les tendances. Un : un niveau record d’abstention, 42,5%, c’est énorme ; un peu comme si les gens avaient eu le sentiment, lors de la présidentielle, d’avoir fait le travail, se débarrasser de Sarkozy et mettre la gauche au pouvoir. D’où cet intérêt relatif pour l’élection législative. Deux : une bipolarisation quasi générale. La droite et le PS sont autour de 34% ; ce scrutin dans la foulée des présidentielles est une catastrophe pour la démocratie. Il y a vraiment besoin de construire une autre République. Trois : forte poussée à gauche, assez historique : 46% ! Quatre : le FN. Il est à 13,80%, c’est inquiétant ( déjà en 1997, il était à 14,9) ; il a plusieurs candidats qualifiés pour le second tour. Nous continuons de regretter de ne pas avoir pu obtenir un accord anti FN avec l’ensemble des forces de gauche.

Comment interpréter la poussée à gauche ?

De très nombreux électeurs ont voulu donner les moyens au Président pour qu’il « réussisse ». Probablement que la question d’être ou pas dans la majorité a pesé sur le choix des électeurs. Sommes nous perçus comme utiles aux futures réformes, indispensables pour que soit menée une vraie politique de gauche ? Seulement 30% des électeurs Front de gauche du premier tour de la présidentielle ont voté pour nos candidats dimanche !

Et les résultats du Front de gauche ?

Nous sommes la deuxième force à gauche. Dans la très grande majorité des circonscriptions (90%), soit 486 sur 539, le Front de gauche enregistre des progrès nets. Il réunit 1 774 554 voix soit 7,08% des exprimés, et une progression de 2,34% sur 2007 avec 575 285 voix supplémentaires. Nos sortants obtiennent des scores importants, autour de 30%, avec des progressions de 3 ou 4%, y compris là où nous perdons les circonscriptions. Ce qu’il faut bien voir, c’est que l’ensemble de la gauche a progressé avec, dans certains endroits, un affaissement réel de la droite. Parfois le PS a progressé plus fortement et nous est passé devant. C’est le cas en Seine Maritime (où on perd de 84 voix !) ou bien dans le Val-de-Marne, en Seine-St-Denis, dans les Hauts de Seine où nos candidats ont réalisé des scores de 30% mais ils se retrouvent dans la situation de perdre leur siège ! Même chose à Hénin-Beaumont où nous progressons (21%), où la droite s’est effondrée et le FN atteint 40%. Lorsque je parle de belle progression sur 2007, je tiens à dire qu’il y a 330 circonscriptions où nous faisons plus de 5% ; il y a cinq ans, il n’y en avait que 135 dans ce cas. Il y a ce paradoxe à étudier entre notre progression en voix, en nombre de circonscriptions où on passe la barre des 5% et malheureusement une division quasi par deux de notre nombre d’élus.

Qu’en est-il du groupe ?

Il y a onze circonscriptions où nous sommes qualifiés pour le deuxième tour ; il y a des amis ultramarins qu’on espère avoir avec nous dans le futur groupe. Car il nous faut absolument un groupe. Même si nous ne parvenons pas aux quinze élus, qui est le seuil aujourd’hui pour un groupe, il est évident qu’avec quatre millions et demi de voix et cette progression au premier tour de la législative, les électeurs, les députés du Front de gauche doivent avoir un groupe à l’Assemblée nationale.

Gérard Streiff



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire