Ebullition

En pleine ébullition sociale

La situation poltique et sociale est pleine évolution. Les répercussions à gauche sont sensibles. Ce contexte va marquer la prépation du prochain congrès communiste. Entretien avec Isabelle de Almeida, présidente du Conseil National.

Comment caractériser le climat politique de ces derniers jours ?

La situation sociale et politique est en pleine ébullition. L’annonce, le 17 février, du projet de loi sur le travail a fait bouger l’ensemble du champ social. On ne peut pas parler d’exaspération passagère. Venant après tous les mauvais coups du pouvoir Hollande/Valls, c’est une prise de conscience à laquelle on assiste. L’opinion mesure que ce projet de loi veut mettre à bas l’ensemble des conquêtes sociales et bouche l’avenir : il veut généraliser, « normaliser » la précarité dans le champ du travail. Mais la risposte est rapide, ample. Une pétition regroupe à ce jour 750 000 signatures ; 66 % des sympathisants de gauche sont contre la réforme ; une convergence syndicale nouvelle prend forme. Ça bouge aussi du côté des organisations de jeunesse, de manière très unitaire ; ça bouge sur les réseaux sociaux. L’idée que la sécurité, la protection pour tous doit être assurée est forte ; on ne supporte plus que 1 % dicte son projet de société au reste du pays. Cette colère se voit à travers d’autres rassemblements (paysans, etc). Bref on a une exaspération qui maintenant se traduit par de la mobilisation. C’est nouveau alors que Valls et Hollande misaient sur l’atonie générale, l’attentisme. Cela montre aussi que le clivage droite/gauche existe bien ; les défenseurs de la loi sont du côté de la droite et du Medef ; c’est un affrontement de classe qui est à l’oeuvre.

Comment se traduit cette situation à gauche ?

On voit bien que pour certains, à gauche, c’est la loi de trop. C’est ainsi qu’il faut apprécier la tribune signée par plusieurs cadres socialistes dont Martine Aubry. Ils disent leur volonté de mettre dans le débat public des questions comme : c’est quoi la gauche ? C’est quoi un projet de gauche ? Dans les départements aussi, on voit des fédérations socialistes prendre des positions critiques. Il y a une crise au sein du parti du gouvernement, au sein du PS. Jusqu’où ira-t-elle ? Difficile à dire mais je pense que ça ouvre un espace de débat à gauche, et un espace de mobilisation sur le terrain. Le PCF, dans ce moment d’ébulittion sociale, de volonté de clarifier à gauche a ici toute sa place comme partie prenante d’initiatives qui s’annoncent et pour prendre des initiatives pour rassembler, débattre, riposter. Le débat doit s’amplifier : quel droit du travail aujourd’hui ? Quelles proposions efficaces pour faire reculer le chomâge ? Ce qu’il faut, à présent, c’est pousser Valls à retirer son projet ; pousser par exemple la pétition jusqu’à un million de signatures ou plus ; aider les mobilisations, relancer le débat sur un projet de gauche pour 2017. Il ne doit pas y avoir d’un côté la lutte contre la loi El Khomri et de l’autre, des espaces purement politiques ; il faut que tous ceux qui sont dans la lutte aient leur mot à dire sur le projet de gauche.

Des rencontres à gauche se multiplient, des lieux de débats divers existent ; quelle est ton appréciation ?

Il y a un terrain de convergences qui s’ouvre, où il faut travailler pour donner la parole aux citoyens. C’est ce qui s’est dit au Comité de liaison pour des primaires, auquel nous participons aux côtés d’autres formations politiques. La semaine dernière aussi s’est tenue la réunion de coordination du Front de gauche. On y a décidé un texte commun de mobilisation contre la loi sur le travail ; et on s’est prononcé pour la création d’espaces citoyens de rencontres pour travailler l’alternative. Ensemble, Republique et socialisme et le PCF partagent cette orientation. Pour le moment, le Parti de Gauche est plus en retrait, ayant fait le choix de soutenir la candidature de JL Mélanchon. C’est dans ce moment d’ébullition que les communistes préparent leur congrès ; ce n’est pas du tout une préparation en conclave. L’actualité nous donne du grain à moudre pour alimenter notre réflexion, pour créer du rassemblement, de la convergence, pour travailler notre projet. Nos initiatives,sur le travail, sur le numérique, etc, montrent qu’on veut être la formation politique qui, à gauche, ne fait pas que parler d’émancipation mais y travaille, et veut anticiper la société de demain, qui doit être entre les mains des 99 %.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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