2012/Pour une dynamique de campagne collective et citoyenne

A moins de cinq mois de l’élection présidentielle, entretien avec Olivier Dartigolles, membre de l’Exécutif, sur cette étape de la campagne : envie de politique, bataille idéologique qui fait rage, débat à gauche, place du Front de gauche.

A 144 jours de la présidentielle, que dire du climat politique, du rapport gauche/droite ?

D’abord, lors de nos échanges depuis la rentrée de septembre, nous sentons une politisation croissante, un intérêt grandissant pour les élections de 2012. Il y a une « envie » de politique que nous pouvons mesurer avec le niveau de diffusion de notre programme « l’Humain d’abord » ou encore avec les audiences réalisées lors des grands rendez-vous médiatiques. La droite repointe le bout de son nez, nationalement et localement, avec un Front national en embuscade. Le contexte européen pèse très lourdement. La bataille idéologique fait rage avec, d’un coté, un choix qui se limiterait entre une austérité de gauche et une purge de droite, et, de l’autre, une aspiration majoritaire pour un vrai changement avec des solutions neuves et un débouché politique.
D’où l’urgence d’un véritable débat de fond, d’options, un débat qui fait sens, qui éclaire les grands enjeux de civilisation. Des millions de personnes sont aujourd’hui disponibles pour s’y impliquer. Malheureusement, ce qui leur est proposé n’est vraiment pas au niveau des attentes. A droite, mais aussi pour une partie de la gauche, il y a aujourd’hui une crainte réelle de ce que pourrait produire une irruption citoyenne dans la pré-campagne.

Que penser de la situation à gauche ?

Face au pessimisme historique des ménages sur l’avenir, et alors que la droite va jouer à bloc sur les peurs et les divisions, il y a urgence à changer la manière dont le débat se mène à gauche. Et regarder vers les classes populaires plutôt que de se livrer à une danse du centre. L’accord « circonscriptions électorales contre réacteurs nucléaires » des socialistes et verts vient de donner une bien triste image de la politique. Aujourd’hui, la situation à gauche est assez simple. On veut dégager Sarkozy avec un doute persistant sur ce que pourrait faire une majorité de gauche. Comment changer, sortir de la crise en améliorant les conditions de vie, avec un nouveau modèle de développement et de croissance ? Quelles solidarités européennes pour reprendre le pouvoir sur les banques et les marchés financiers ? Avec quels nouveaux pouvoirs d’interventions pour les citoyens et les salariés ? Avec quelles mesures d’urgence pour l’emploi, le pouvoir d’achat, l’éducation, la santé ? Avec quelle ambition pour la jeune génération qui se trouve dans une situation de plus en plus intenable ? La gauche doit répondre et convaincre ou alors, par défaut, la droite prendra la main sur le thème « Cela va être dur mais moins qu’en Grèce ou en Italie ». C’est pure folie que de vouloir courir plus vite que la droite sur le chemin d’une hyper austérité qui conduit à la récession et au chaos.

Comment apprécier l’entrée en campagne du Front de gauche ?

Depuis la fête de l’Humanité, nous avons bien travaillé avec Jean-Luc et l’ensemble des forces rassemblées. Il faut maintenant franchir une étape dans une dynamique de campagne collective et citoyenne, avec de belles tribunes unitaires comme en 2005, avec le développement des assemblées citoyennes comme lieux de mobilisation, de mise en mouvement. Je constate que la mobilisation politique dans les entreprises et le monde du travail, en s’appuyant sur le Front des luttes, grandit jour après jour. Sur les questions européennes, la ligne de riposte face à Merkel-Sarkozy peut rassembler très largement. « Le vote Front de gauche pour reprendre le pouvoir » est en mesure, partout dans le pays, de nourrir une dynamique politique et sociale pour gagner et réussir à gauche. Avec la présidentielle et les législatives, il s’agit à la fois de battre la droite sarkozyste et d’ancrer la gauche dans les réponses aux grands enjeux et aux urgences sociales. Dans un moment où la crédibilité de toute la gauche est questionnée, le Front de gauche doit plus que jamais proposer et agir autour d’une question : quelle politique de gauche ? Face à la pression des marchés financiers accompagnée de la mise en cause aggravée de la souveraineté des Etats, c’est cette question qui doit s’imposer dans le débat des prochains mois. Cela sera une bonne chose pour la politique, pour la gauche et pour le Front de gauche.

Propos recueillis par Gérard Streiff



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