Après les attentats

Un esprit de résistance

Un CEN (Comité exécutif national), élargi aux secrétaires fédéraux et aux chefs de file régionaux, s’est tenu jeudi 19 novembre à Fabien, histoire d’avoir « une appréciation la plus proche du terrain » devait dire Jacques Chabalier, président de séance. Le rapport introductif de Lydia Samarbakhsh, responsable du secteur international, comportait deux grands points : les dernières évolutions de la situation internationale et nationale, les questions posées par les mesures de sécurité décidées par le gouvernement et les moyens pour redynamiser la campagne des élections régionales.
Lydia Samarbakhsh résumait ainsi les positions communistes : « Nous avons exprimé notre solidarité aux victimes des attentats et notre préoccupation commune avec la population du pays de mettre fin au déchaînement de violence, mais aussi notre détermination à combattre les divisions, stigmatisations et racismes, et les surenchères sécuritaires dans lesquelles la droite et l’extrême droite tentent d’entraîner le pays et auxquelles le président et le gouvernement sont à l’évidence très sensibles. Nous avons aussi affirmé le rejet de la logique de guerre et le refus du renoncement, nous avons esquissé une autre vision du monde, celle d’un monde de justice, de solidarité, de progrès qui sont les trois conditions fondamentales de la paix, et la necessité de replacer l’ONU au centre de la scène internationale pour construire les réponses politiques, économiques et sociales s’attaquant aux déséquilibres, injustices, inégalités et violences qu’elles génèrent. Nous avons insisté, et nous continuerons, sur les possibilités existantes de solutions politiques en Syrie qui ouvrent de nouvelles conditions du combat contre Daesh. » Le rapport montrait comment les autorités ont largement minoré la dimension internationale de l’événement, pourtant essentielle ; comment le discours guerrier du chef de l’État a repris en fait le chemin des néoconservateurs américains après le 11 septembre : « Aucune leçon n’est vraiment tirée de l’échec de la stratégie poursuivie depuis si longtemps. » Il donnait d’utiles précisions sur la teneur de la réunion de Vienne sur la Syrie ( et sur laquelle le ministre Fabius est étrangement discret), s’attardait sur le sort des réfugiés puis parlait de la question de la prolongation de l’état d’urgence. Cette question intervient dans un contexte de très forte inquiétude dans la population. « Nombreux sont ceux qui exploitent le climat de peur pour imposer comme une évidence que, pour protéger les Français, il faut accepter « la remise en cause d’une part des libertés publiques ». C’est une pente dangereuse à laquelle il faut aider notre peuple à résister ».
Si les élus communistes, après débat, ont voté pour la prolongation de 3 mois de l’état d’urgence, celle-ci, à leurs yeux, doit être soumise à un contrôle strict et régulier du Parlement, condition acceptée par l’Assemblée. Par ailleurs, les communistes se prononcent contre la révision de la Constitution (voir l’entretien ci-dessous).

Redynamiser la campagne

Lydia Samarbakhsh abordait ensuite le rendez-vous électoral du 6 décembre : « Que signifie aller voter aux régionales, trois semaines après ces attentats ? (…) Ceux qui sont portés par la colère et la haine de notre jeunesse, contre les musulmans, contre les étrangers, ceux-là voteront ; ils sont sur-mobilisés. Notre devoir est d’organiser la résistance et la riposte à cette mobilisation de la haine, dire la société, le monde dans lesquels nous voulons vivre ». Elle pointait trois types d’arguments en faveur du vote pour les listes Front de gauche. Un : voter en faveur de constructions politiques nouvelles pour une République unie, démocratique, solidaire, agissant pour la paix, une République du bien commun. Deux : pour des politiques publiques régionales en matière d’emploi, de formation, de transport, de logement, de R&D, d’éducation. Trois : faire du vote pour « L’humain d’abord » un bouclier de valeurs de fraternité, d’engagements face à la violence et à la division qu’attise le FN. Encore faut-il « percer le mur des médias ».
Dans le débat, qui devait montrer de larges convergences de vues, les intervenants ont dit apprécier les éléments d’analyse fournis ces derniers jours par la direction, notamment la déclaration du 17 novembre et l’interview de Pierre Laurent dans L’Humanité du 19. « Les communistes étaient en demande de repère ». A présent, il s’agit de « se tourner vers les gens » ; les distributions de tracts sont bien accueillies, les réunions reprennent, même si « on est souvent confronté au silence ». Il nous faut entretenir « un esprit de résistance » notait un participant. « On ne peut pas rester en spectateur d’une bataille qui fait rage, dira Pierre Laurent. J’appelle les communistes à reprendre la campagne ». En étant combattifs, humbles aussi dans l’expression, attentifs aux évolutions d’une opinion à la fois « debout et fragile ». Il faut trouver le bon ton pour être entendu, bien mesurer l’immense besoin de protection, de sécurité d’un pays qui a connu l’effroi. « Le vote du 6 décembre sera un acte de résistance démocratique face à la terreur. »

Gérard Streiff



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