Minard

Faillir être flingué

Au début ,on est dans un grand espace vide, l’immense plaine de l’ouest américain ; apparaissent des personnages ou des groupes, isolés, dans des chapitres courts, comme de brefs tableaux. On saute de l’un à l’autre, on suit leur itinéraire singulier, leurs aventures. Et puis on se demande : vont-ils se rencontrer ? Oui, car voici la ville en gestation qui les attire tous. Pour l’heure, c’est surtout une ville de tentes avec quelques bâtiments en dur (le bar qui fait bordel). Et nos personnages s’agglutinent, une histoire commune prend forme, de nouveaux personnages – de femmes- s’installent. On est ici au tout début du western, qui fut un temps un genre littéraire avant d’être du cinéma. Celine Minard a décidé de recréer ce monde et c’est formidable d’intelligence, un état de grâce permanent pour raconter -avec un sens vertigineux du détail - cette nation en train de se faire, cette ville champignon en train de sortir de terre, cette civilisation qui se coagule avec ses solidarités, ses tares que l’on devine déjà, ses rêves et sa violence à venir. On voit un monde prendre forme au moment même où on sent un écrivain en train d’inventer son récit.
Un décor parfait du western classique ( chevaux, armes, prairie, bottes, rivières, barbier, blanchisserie chinoise, indiens, blancs, chasseurs de primes..) mais sans grandiloquence, avec réalisme, humanisme, empathie pour les personnages, avec aussi un formidable humour.
De Minard, on a déjà parlé, en 2007, de « Le dernier monde », récit de SF où des cosmonautes revenaient sur terre après la catastrophe, l’humain avait disparu, ne restait que les animaux !

Rivages



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