Ferney

Les autres

Après dîner, un groupe de familiers, une mère, ses deux fils, les
compagnes et amis, se livre à un jeu de société intitulé « Caractère ».
Un jeu de la vérité en fait qui va virer à l’aigre, où chacun se
dévoile, se révèle et découvre l’autre, le regard de l’autre. Un vrai
strip tease psychologique, comme dit un des personnages.

A cette dramatisation croissante des échanges, l’auteur ajoute un double
coup de théâtre, qui inscrit ce récit dans le grand cycle de la vie et
de la mort.

L’exercice est d’autant plus captivant qu’il est réécrit de trois
manières ; c’est à dire que l’auteur reprend le même récit sous trois
angles. La première partie, intitulée Choses pensées, est une succession
de monologues de chaque personnage, avec son regard sur la soirée, sur
lui-même, sur les autres. La seconde partie, ou Choses dites, est la
soirée reconstituée sous le seul angle des échanges ; cette séquence est
très théâtrale, très vive. La troisième partie, Choses rapportées, a une
forme romanesque plus classique où un narrateur, extérieur, surplombant,
raconte.

Alors même qu’on reprend chaque fois la même histoire, les mêmes
personnages dans un même lieu et un même temps, l’histoire ne radote pas
cependant. Par un jeu astucieux de déplacement, par des ajouts jusqu’au
bout de nouvelles informations sur les personnages, on progresse sans
cesse dans la connaissance des héros, de leur histoire, de leurs rapports.

Belle galerie de femmes, des mères, des amantes ; une série globalement
moins glorieuse d’hommes. Au final, une leçon, peut-être : et si personne
ne connaissait personne ?

Née en 1961, Alice Ferney, romancière, économiste et mère comme disent
ses biographies, avait déjà écrit cinq romans : Dans la guerre ; La
conversation amoureuse ; Grâce et dénuement ; L’élégance des veuves ; Le
ventre de la fée.

Actes Sud



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