Lépront

Esther Mésopotamie

Catherine Lépront

Seuil

Un roman d’amour, d’une lecture exigeante et d’une énorme délicatesse.
Deux femmes, un homme, beaucoup d’amour qui circule mais un amour non
dit, non déclaré. Tout est dissimulé et ça va durer, des années et des
années. La narratrice est une étudiante qui vit de rédaction et de
traduction, une jeune fille affectée d’une légère claudication, une
fille mutique, réservée, qui aime sans le dire l’homme qui l’héberge.
Lui, c’est Osias Lorentz ou « doktor », un collectionneur et spécialiste
de la statuaire sumérienne, enseignant et chercheur, toujours ayx quatre
coins du monde, du Proche Orient plutôt. Il stocke chez lui un trésor de
vieilles pierres laissé à la garde de la concierge, le troisième
personnage : une cap verdienne, Annabella Santos Joao, mi ange gardien,
mi démon, une femme truculente, capricieuse, elle aussi amoureuse du « 
doktor ». Deux femmes totalement dissemblables, la cap verdienne est
volcanique et l’étudiante discrète. Et lui dit aimer une femme que ni
l’une ni l’autre n’ont jamais vue, qu’il a un jour baptisé Esther ; elles
l’ont baptisée Esther Mesopotamie, l’hypothetique maîtresse inconnue,
nom de rêve et de cauchemar. Leur

cohabitation va durer vingt ans, vingt ans de chimères, de
dissimulations, un jeu pervers finalement ; on ne connaîtra l’identité de
cette Esther que lors de la révélation finale.

Un critique a dit que ce roman était un peu le manuel du comment vivre
un grand amour sans le savoir, c’est une très belle expression.

« Esther Mesopotamie » est un livre subtil, sensible, nostalgique, empli
d’amour impossible, d’attente étouffante, le roman d’une passion placée
sous le signe du secret. On ne sait pas très bien ce qui relève du vrai
et du faux, de la fiction et de la réalité.

Un livre pudique plein de belles phrases longues et poétiques, de
retours en arrière, plein d’humour aussi, un roman sur l’attente,
l’absence, la passion amoureuse, la dissimulation.

L’écriture s’effectue sur un mode musical ; quand elle passe de la
narration au dialogue, l’auteure ne change pas de paragraphe ni de
ponctuation mais module le ton à l’intérieur de la phrase comme si on
jouait plus fort ou plus lentement.

Signalons que Lépront sort toujours au Seuil un recueil intitué « Entre
le silence et l’oeuvre », ensemble de conférences et d’articles sur la
littérature où elle rappelle que « de toutes les activités humaines,
c’est la création artistique qui me semble toujours la plus
bouleversante, la plus enigmatique », où elle cherche à trouver un peu
du secret de fabrication : qu’est ce qui déclenche une oeuvre ? Comment
naît un personnage ?

Ancienne infirmière, Catherine Lépront est l’auteure de nombreux récits,
pièces de théatre. Elle a eu le prix goncourt de la nouvelle et le grand
pris de la SGDL pour « Namokel ». Elle est lectrice aux editions Gallimard.



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