Gaudé

Laurent Gaudé

Dans la nuit Mozambique

Actes Sud

Petit recueil de quatre nouvelles d’un très bon romancier, capable en
trois mots de nous projeter dans la peau d’un marchand d’esclaves d’il y
a quatre siècles ou d’un vieux romancier new yorkais au seuil de la mort
ou d’un fou de guerre complètement détraqué par 14-18 et qui hante
l’Afrique ou encore d’amis qui ont la religion des histoires.

Le dépaysement est total, les personnages poignants, les intrigues fortes.

« Sang négrier » nous emporte à St Malo au 17e siècle où fait escale un
navire transportant des esclaves. Cinq détenus s’enfuient, quatre sont
retrouvés, le cinquième disparaît mais apparaît un doigt, noir, cloué
sur la porte d’un notable ; le fugitif s’est amputé ; sa manière sans
doute de désigner du doigt du malheur les chefs de la ville. La peur
gagne, le capitaine panique...

Dans « Gramercy park hotel », à New York, on partage la soirée d’un
vieil auteur, victime d’une agression dans la rue mais qui s’obstine
pourtant à rejoindre un hôtel pour lui mythique où il revisite sa vie,
son couple et son amour de jeunesse.

« Le colonel barbaque » désigne un détraqué par la guerre qui se laisse
dériver le long d’un fleuve africain ; un homme d’arme, devenu boucher
sur le front de la Somme, à jamais abonné aux tueries, lucide et
intelligent ; on pense à Marlon Brando dans le rôle du colonel Gurtz au
fin fond de la jungle d’Indochine dans « Apocalypse now », un peu aussi
à Klaus Kinski dans « Fitzcarraldo » de Werner Herzog.

Homme de théâtre, Laurent Gaudé passe au roman avec « Cris », sur 14-18
et les tranchées puis « La mort du roi Tsongor », doublement primé,
sorte de fable sur le pouvoir ; suivent « Le soleil des Scorta », trois
fois primés, destin d’une famille des Pouilles italiennes, et « Eldorado
 » sur les clandestins en Méditerranée.



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