Levi

Les insoumises

Celia Levi

Tristram

Renée et Louise sont deux amies, étudiantes, très proches ; au début du
livre, on voit par exemple qu¹elles rêvent d¹élever ensemble leurs enfants
plus tard. Or la vie les sépare : Renée part en Italie pour travailler la langue, la peinture, les arts plastiques. Louise reste à Paris, pour finir sa thèse sur 1789. Pour combler l¹éloignement elles s¹écrivent ; le livre est donc fait de bout en bout de leur échange de lettres ; déjà cette forme de correspondance dit un peu leur caractère ; ces très jeunes femmes refusent les formes d¹échange à la mode genre sms ou mails baclés, deux mots, trois points d¹exclamation et basta. Ici ce sont de vraies longues lettres, quelque chose de presque désuet aujourd¹hui mais qui dit leur refus d¹une fausse modernité, leur envie d¹échanger vraiment et aussi de refuser l¹état des choses, de ne pas se résigner, de changer le monde peut être. Louise se fache avec son directeur de thèse, un prof conformiste tendance François Furet, elle est aussi très en colère contre la passivité des étudiants, tres insatisfaite de son compagnon qu¹elle trouve desespérément materialiste. Renée elle savoure le dépaysement, jouit du pays, des gens, des rencontres,elle hésite entre peinture et cinéma. Peu à peu, les deux amies s¹éloignent pour de bon et non plus
géographiquement. Louise, sévère, reproche à Renée de se laisser aller, de jouer la bourgeoise ; elle se radicalise et se retrouve bientôt dans la mouvance qu¹on appellerait anarcho-autonome ou l¹ultra gauche ; elle mesure bien que leurs actions ne sont guère efficaces mais écrit : « au moins, je ne suis plus seul à haïr. »
Renée s¹intègre de plus en plus à l’Italie, se sent plus italienne que
les italiens, savoure le décor, la cuisine, les amants ; elle reproche à
Louise d¹être « une puritaine rigide qui se ment »...
La suite ? Aux lecteurs d¹aller y voir mais disons tout de même ( !) que les choses vont se gâter, que les rêves seront plutôt des illusions, que ça ne tournera pas trop bien, ni du côté de la politique radicale pour Louise, ni du côté du cinéma italien pour Renée.
Ce premier roman d¹une très jeune auteure ( elle a l¹âge de ses personnages)
est un livre formidable pour sa forme, son style, un classicisme parfait, loin des trucs de mode « générationnelle », pour son fond qui est « l¹itinéraire ultra contemporain » selon l¹expression d¹un critique, de ces jeunes ( les moins de 3o ans) d¹aujourd¹hui, un portrait sans complaisance, à distance, d¹une lucidité rageuse et hélas sans doute assez juste.
Tristram est une jeune et petite et courageuse maison d¹édition située à
Auch (Midi-Pyrénées).



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