Delsaux

Sangliers

L’auteur, dans ce gros roman (près 600pages), est ambitieux : raconter sur plusieurs années la vie d’un hameau quelque part entre Grenoble et Lyon, la vie surtout des résidents d’un lotissement de maisons bon marché, ceux que les politologues appellent les « péri-urbains » (mi ville mi campagne ou ni ville ni campagne), des gens, dit on volontiers, attirés par la droite extrême.
On va les voir bouger, évoluer, régresser, sur une demi douzaine d’années.
Les personnages sont nombreux, quelques uns tiennent une place importante dans deux « clans » pour dire vite. D’un côté, une famille de « beaufs », un père qui se fait appeler « le chef » ; il a tout pour plaire, brutal, grossier, raciste ; une femme bourrée de médocs ; et trois garçons dont l’un est habité part le fantasme de la race blanche.
En « face », deux jeunes profs revenus de leur métier, Sylvain et Lesélieux, l’un qui sombre, l’autre qui se lance dans le jardinage écolo ; un artiste ( sculpteur), vieil homme bourru et heureux ; Max, tenancier du bistro du village et lecteur du Monde Diplomatique. ; un curé dépassé...
Deux mondes qui coexistent, cohabitent de plus en plus mal, qui s’organisent ( les chasseurs d’une part ; une association critique « les moutons noirs » de l’autre) et une fin qui n’est pas « happy end ».
Pourquoi Sangliers ? Parce que chasse, parce que région, invasion, migration, étrangers.. Et parce que, à rebours de l’hominisation souhaitée du genre, on y voit des gens « s’animaliser ».
Belle écriture sur deux registres : vive, directe dans la narration de histoire ; et lyrique, radicalement poétique dans l’évocations du passé de la région.
L’auteur est poète et homme de théâtre. Voir « Madame Diogène » 2014.

Albin Michel



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