Sportes

Maos

Morgan Sportes

Grasset

Mai 68 est un sujet de roman récurrent ces dernières années. On souvient
par exemple de « Tigres de papier » d’Olivier Rolin en 2004. Sur un
thème proche, Morgan Sportes revisite l’attitude de la Gauche
prolétarienne à la fin des années soixante.

Nous sommes au milieu des années 70. Le héros, Jérôme Rouhaut,
travaillant dans une grande maison d’édition, va se marier avec la jolie
Sylvie, jeune fille de bonne famille. Il fait partie de ces anciens maos
amendés qui se sont reclassés, ont obtenu de jolies promotions et entame
une carrière prometteuse. Mais son passé le rattrape. Ses anciens
camarades le resollicitent. Pour un dernier coup, un contrat, un
meurtre. Jérôme, alias Gisors, personnage de Malraux, n’a pas envie de
replonger. Mais les moyens de pression sur lui sont forts. Il a trop
peur de perdre Sylvie, son confort, son pouvoir acquis. Il accepte. Pour
une action seulement, la dernière. Il se trouve en fait pris dans
l’engrenage. On assiste alors à une descente aux enfers (réelle ou
imaginaire ?) du héros et une chute surprenante.

Maos est une sorte de roman policier à rebondissement mais l’essentiel
du livre tente de montrer le dessous des cartes de l’aventure maoiste en
France. La thèse de Sportes est simple : il y a eu en 1968 un complot
américain contre de Gaulle et une gueguerre des services français et
américains pour contrôler les groupes maos. La thèse est simple, voire
simpliste mais l’auteur n’est pas avare en « preuves ». Certaines
critiques objectent que même si manipulation il y eut, reste la
sincérité de l’engagement de ces jeunes gens alors.

Un livre étonnant qui traite sur le mode romanesque d’un revirement de
toute une génération qu’abordait dans son essai Guy Hocquenghem « Lettre
ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary club ».

Le livre comprend un solide glossaire sur les propos des anciens maos.

Le livre a eu le prix Renaudot des lycéens.

Morgan Sportes est né en 1947 en Algérie. Il est l’auteur d’une douzaine
de romans dont « L’appât », adapté au cinéma par B. Tavernier.

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