Laclavetine

Matins bleus

Jean-Marie Laclavetine

Gallimard

Le romancier fait vivre tout un petit monde (passagers, clients,
commerçants, badauds…) d’un même lieu, un hall de gare parisienne, et
dans un même temps, la journée du 19 mai, entre 6h30 et 17h08.

L’ouvrage met en mots cet incroyable grouillement, cet incessant
croisement, ce perpétuel chevauchement qu’est un hall de gare. Il offre
une tranche d’humanité de manière drôle, pathétique et surtout :
talentueuse. On voit donc s’agiter une trentaine de personnages. Les uns
sont récurrents ; on les retrouve brièvement mais systématiquement de
bout en bout. Les autres sont entr’apercus ; le narrateur leur consacre
deux ou trois pages, une nouvelle en quelque sorte, le temps de les voir
entrer dans la gare et entendre leurs ruminations, les voilà déjà sortis
du roman mais ils nous laissent leur drame intime en cadeau : l’inventeur
qui se demande s’il sera à la hauteur ; le curé qui se rappelle son
enfance et les raisons de sa vocation ; l’ex-mao qui ressasse son passé, etc

Il y a encore les mouettes, nombreuses dans cette gare et bien utiles
quand leur voltige nous permet de passer d’un personnage à l’autre, sans
transition.

Et puis il y a le narrateur. Au lecteur de l’identifier dans cette foule…

Ce livre, spirituel, est un ravissement.
L’écriture est légère pour un propos grave : la vie des gens
d’aujourd’hui, ici, des gens maltraités, trompés mais terriblement vivants.

Laclavetine est né en 1954. Il se consacre à l’écriture depuis le début
des années 80. Treize romans. Un auteur bardé de prix : un roman sur
deux de Laclavetine a été primé. Il est membre du comité de lecture de
Gallimard et traducteur d’italien.



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