Quignard

Villa Amalia

Pascal Quignard

Gallimard

Beau roman, mélancolique, en quatre parties, un peu comme les quatre
saisons.

Partie 1, ou l’hiver : Ann, musicienne, pianiste et compositeur, presque
quinqua, découvre que son compagnon la trompe ; cette infidélité provoque
en elle un séisme d’une force infinie ; elle décide de disparaître, non
pas se suicider mais fuir. On assiste à l’entreprise méticuleuse et
compliquée qui consiste à réussir une dispararition : quitter son métier,
son travail, ses proches, ses voisins, vendre sa maison, effacer toute
trace, fuir sa mère, couper les ponts. Avec la complicité d’un vieil ami
d’enfance retrouvé, Georges, utile pour réussir cet escamotage.

Partie 2, ou le printemps : l’Italie, Naples, sa baie, une île, une
maison fabuleuse, l’amour de cette maison, un amant.

Partie 3, l’été : l’âge d’or, cette maison, toujours, sur la mer
thyrénéenne, l’amour pour une jeune femme, la présence d’une très jeune
enfant. Ces trois femmes, dans la maison, l’été : le paradis. Et puis le
drame : la mort de l’enfant.

Partie 4, ou l’automne : la mort encore, de la mère ; la découverte bien
tardive du père ;

le refuge chez Georges, en Bourgogne, le bonheur dans la création.

Difficile en vérité de résumer ce roman, qui offre un très beau portrait
de femme et de ses histoires d’amours croisés. On y retrouve les thèmes
de Guignard, la musique, l’Italie, son don pour parler des sons, des
odeurs, des couleurs.

Le style est d’une grande simplicité, un certain goût de la répétition,
de la réaffirmation. Des chapitres courts, des images fortes plutôt
qu’un vrai déroulement romanesque ; des phrases parfois à la limite de la
sentance.

Auteur inclassable, très grand lecteur aussi, Quignard a notamment écrit
« Le salon du Wurtemberg », « Les escaliers de Chambord », « La haine de
la musique », « Tous les matins du monde », sur la vie du musicien Marin
Marais, adapté au cinéma par Alain Corneau en 1991 ; à lire (et regarder)
aussi son très beau livre « Le sexe et l’effroi », commentaires
brillantissimes des peintures érotiques romaines. Son récent cycle
intitulé « Dernier royaume », en trois tomes ( Les ombres errantes ; Sur
le jadis ; Abîmes) lui a valu le Goncourt 2002.



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