Deloffre

Léna

Un premier roman qui nous parle d’un continent disparu, l’Union soviétique, et qui réussit à nous faire sentir l’âme russe ; un roman infiniment doux pour évoquer une épopée tonitruante.
En grande partie, l’ouvrage se présente sous forme de correspondances, entre 1987 et 1992, entre Léna, l’héroïne, père russe,mère tsétsène (grand nord sibérien) et ses parents adoptifs, sibériens également, Dimitri et Varvara, lettres suivies des commentaires de la tante et de l’oncle.
Derrière l’histoire d’amour de Léna et Vassia, pilote, au temps de Gorbatchev et de la perestroika puis du coup d’Etat de 1991 et de l’effondrement, c’est toute l’histoire soviétique qui défile, en trois parties : l’absence ; l’azur ; la marche.
L’absence = cette partie est essentiellement consacrée au personnage de Léna, fille du grand nord, l’incarnation de l’attente, du silence, du secret, de l’inertie aussi ; Léna, c’est la peur du mouvement, l’espoir que rien ne change. Une manière très belle de faire vivre la patience russe, des pages formidables sur les (quatre) saisons ; des retours en arrière, la révolution de 1917 , le printemps 1939, la seconde guerre, 1941, Staline, dans des pages tout à fait remarquables.
L’azur = voici Vassia, fils de paysans devenu pilote puis cosmonaute ; l’épopée soviétique de la conquête de l’espace, aventure scientifique, exploration, guerre froide ; une très belle plume pour parler du spoutnik, de Gagarine, de la cité des étoiles, de l’espace aujourd’hui. Vassia, c’est le dynamisme, la démesure, l’hyperscientificicité. Et sans doute cette dualité ( science et superstition, mouvement et soumission) caractérise (en partie) l’âme russe.
La marche = on est au Kamchatka où le couple entame enfin une vie de famille.

Albin Michel



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