Dupeyron

Le grand soir

1877 : le livre s’ouvre sur le Courbet de la fin. Le peintre a 58 ans, il
est usé, malade. Il vit en Suisse où il a dû se réfugier suite aux
persécutions que lui a valu son engagement en faveur de la Commune. Il
se raconte. Fils d’un paysan de Franche-Comté, ce peintre illustre a été
l’avocat d’un réalisme qui, à ses yeux, doit rendre compte de la réalité
sociale. Ce proche de Proudhon, de Baudelaire aussi, offre une peinture
de la quotidienneté sans pathos, qui enthousiasme mais suscite en même
temps de vives polémiques. On, c’est à dire l’Académie, les installés,
les possédants, on le traite de chef de file de l’école du laid, on lui
reproche de mettre en scène les petits, on le trouve vulgaire. Mais lui
est une force de la nature qui se bat, rend les coups, s’impose. Boudé
par les officiels du Second Empire – mais reconnu dans l’Europe entière
– il crée sa propre salle d’exposition. Le texte de présentation de
cette initiative deviendra le manifeste des réalistes. Il sera un des
grands acteurs de la Commune, totalement solidaire de cette entreprise
de libération. Il présidera la commission des Beaux-Arts. Cependant, il
ne semble pas avoir joué dans la mise à bas de la Colonne Vendôme le
rôle qu’on lui prête volontiers. Reste que le pouvoir ne lui pardonnera
jamais son attitude. Emprisonné, puis pourchassé, ruiné et exilé, il
paiera cher pour ses convictions. Un très beau roman, au style vif, de
Français Dupeyron, auteur et cinéaste ( on lui doit notamment « La
chambre des officiers »).

Actes Sud



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