Delaume

Dans ma maison sous terre

Chloé Delaume

Seuil

Chloé Delaume ? au début il y a une jeune femme qui s’appelle Nathalie Dalain ; à 26 ans, en 1999, celle ci change de nom, décide de s’appeler Chloé Delaume, histoire de liquider sa vie d’avant. Chloé Delaume est désormais non seulement le nouveau nom de l’auteure, c’est aussi le nom de l’héroïne de tous les romans de cette auteure. Delaume parle de Delaume, invente un personnage de papier et, se faisant, se reconstruit elle même : « Je me suis faite de mots » dit elle dans ce livre.

« Dans ma maison sous terre » est une suite de 38 fragments, apparemment décousus, mais qui répondent tous à un même état de souffrance absolue, à une même colère, une même soif de vengeance, de revanche, une incapacité à se faire entendre, une solitude terrible. L’auteure-héroïne déambule dans un cimetière où elle dialogue avec un certain Théophile, qui est sans doute tout ce qu’elle refoule, refuse ; en même temps, elle se construit dans cette opposition.
Repose là une prof de lettres, tuée le 30 juin 1983 par son mari qui s’est ensuite suicidé non sans avoir menacé de son arme l’enfant puis renoncé à la tuer, une enfant de 10 ans qui était là, qui a tout vu, qui a fait depuis 13 tentatives de suicide, qui s’appelait Nathalie Dalain...
C’est de cette histoire que Delaume fait régulièrement la matière de ses romans. Ici, il y a quelque chose de nouveau, qui nous est annoncée au neuvième chapitre : son père n’était pas son père... Cette nouvelle, annoncée par la grand mère la déstabilise, met à terre tout un long travail de deuil ; et l’installe dans l’idée de « batarde ». D’où le désir terrible de meurtre de la grand mère, « un mamicide » écrit elle , un meurtre de mots, bien sûr, un meurtre de papier, un meurtre littéraire qui donne toute son énergie à ce livre, « j’écris pour que tu meures »
C’est pathétique, sidérant, stupéfiant de sincérité ; l’auteur a 35 ans et une rage d’ado.
A lire aussi « le cri du sablier », 2001 ou « les juins ont tous la même peau »,2005 ; ou encore le numéro du « matricule des anges » qui lui est consacré.



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