Ferranti

Marie Ferranti

La cadillac des Montadori

Gallimard

Un roman qui sent bon la Corse, une nouvelle illustration qu¹il n¹y a rien de mieux que le mensonge romanesque pour comprendre le réel. C’est d¹abord une histoire d’amour entre Sandro Riucci et Adriana. Sandro, beau gosse et sale caractère, éternel neurasthénique, est fils de pauvre. Adriana, très jeune beauté sombre, surnommée « l’étrangère », vient du sud de l¹île mais on la prend pour une gitane ou une arabe. Ces deux là s¹adorent ; lui est macho, elle soumise, chacun jouant le rôle que la société leur impose avec plus ou moins de conviction. Et puis il a le monde autour d¹eux, les Montadori notamment, Jean Montadori, parrain, chef de clan. Quand le roman commence, Jean Montadori finit ; à l¹agonie, il fait appeler Sandro ; le garçon sera la dernière personne à voir le parrain vivant ; et il lui chuchotte quelque chose qui va chambouler tout ce petit monde. Le seul fait pour Sandro d’avoir été ce dernier témoin lui donne
soudain un statut à part ; pour le coup, c¹est lui qui va conduire pendant les obséques la cadillac des Montadori, somptueuse limousine de collection, qu¹on ne sort que pour ce genre d¹occasion.
C’est un livre sur le clanisme, on n¹ose dire mafia car c’est plus subtil que ça, il a là une sorte de
rapport féodal, de clientelisme qui fonctionne plus à coups d¹enveloppes, de soutiens, de reconnaissance que de coups de pistolet ; un monde figé, immobile, où la plupart rêvent que rien ne change, un monde oppressant, fait de peur, de méfiance, de jalousie, de racisme, de préjugés, d¹orgueil affiché, un monde de taiseux.
Il a là des scènes magnifiques (les obséques avec la musique de Sinatra notamment).
Marie Ferranti est née en 1962. Elle a eu le grand prix de l’Academie pour « La princesse de mantoue » en 2002.



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