Zenatti

En retard pour la guerre

Ce drôle de titre trouve son sens vers la moitié du livre : nous sommes
en Israel, début 1991 ; l’héroïne, Constance, une étudiante française,
est jusque là peu attentive aux recommandations officielles en vue de se
préparer à la guerre, de se défendre contre les bombardements annoncés
d’Israel par l’Irak ( masques, isolants contre les gaz…) ; alors que le
conflit est sur le point d’éclater, on est à la veille de l’ultimatum,
la jeune femme se met enfin à la recherche de ces instruments de survie ;
n’empêche : elle est en « retard pour la guerre ».

Ce livre court, sensible, raconte l’entrée en guerre ( une drôle de
guerre, largement psychologique en l’occurrence), à travers le double
destin de Constance et de Tamar, deux jeunes intellos qui se voient « 
libres et romantiques ».

Constance poursuit à Jerusalem sa recherche sur un historien juif du 1er
siècle, Flavius Josephe ; cette jeune fille incertaine et angoissée (le
premier et le dernier chapitre du livre donne quelques clés pour
comprendre cette inquiétude existentielle) « entre en guerre » alors
même que son couple est en conflit permanent.

Tamar, son amie, accouche d’un petit garçon le jour même du
déclenchement des hostilités.

Les brefs passages consacrés à Flavius Josephe, lui même témoin et
acteur d’une guerre entre juifs et romains il y près de 2000 ans, font
un étrange clin d’oeil à l’actualité, une sorte de mise en abime.

L’ouvrage sait parfaitement rendre compte de la montée progressive de
l’angoisse, celle de Constance, celle de son couple, de ses voisins, de
la rue, de la ville, à ce moment précis où la perspective de la guerre
change tout, où chacun, consciemment, se pose la question : et si demain
je n’étais plus là... Il y a ceux qui se calfeutrent, ceux qui
paniquent, ceux qui jouissent, ceux qui bravent les interdits, ceux –
plus rares- qui s’en foutent...

Ce livre offre un remarquable point de vue sur ce qu’on a appelé la
guerre du golfe, bien plus efficace que tous les reportages qu’on a pu
voir ou lire sur le sujet. On sait gré à l’auteure d’être restée à
distance, d’éviter autant que faire se peut le discours partisan.

Né en 1970, Zenatti a surtout écrit pour la jeunesse. « En retard... »
est son premier roman.

L’Olivier



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