Chambaz

Ghetto

Bernard Chambaz continue d’explorer sur un mode romanesque un thème qu’on pourrait ainsi résumer « le communisme, mon père et moi ». Jacques, le père, est mort en aout 2004. C’était un dirigeant important du PCF, où il s’était occupé de la culture et des intellectuels, poste délicat...
Dans « Ghetto », le regard sur ce père est à la fois acéré et tendre, de plus en plus tendre à mesure que le roman avance. Le livre est construit sur trois plans.
Il y a la déambulation du fourgon mortuaire en ce jour d’aout 2004 à travers Paris, du 13e jusqu’à Montmartre, où se trouve le caveau familial ; multiplication de scènes urbaines tristes ou drôles, extrêmement fines ; le défunt traverse des quartiers bien connus de lui, chargés d’histoire ou d’expériences.
Ensuite c’est un retour sur l’histoire familiale, des grands parents bonnetiers et ruinés ( le grand père faisant le clown ou le chansonnier) à la promotion à la direction du PC, et l’éviction mal vécue de 1979.
Enfin des images d’un rêve éveillé où passent des fantômes (du père en robe de mariée ou du fils Martin, décédé, voir « Martin cet été », 1994 »), ce qui permet un dialogue bouleversant de l’auteur avec ses morts.
Des chapitres très courts ( 81 !), une écriture formidable ; on oscille entre intimité et politique, émotion et critique.
« Ghetto » termine un cycle romanesque, un tryptique commencé avec « « Kinopanorama » (2005) et « Yankee » (2008).
De Bernard Chambaz, lire aussi « L’arbre de vies », 1992, Goncourt du premier roman.

Seuil



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