Combescot

Pierre Combescot

Pour mon plaisir et ma délectation charnelle

Grasset

Ce petit livre très dense est une biographie romancée de Gilles de Rais. Les cent premières pages évoquent sa montée en gloire ; c¹est l¹ascension d¹un homme de guerre courageux, apprécié, remercié puisqu¹il deviendra maréchal de France,
un des plus hauts titres du système féodal. Dans cette histoire d¹hommes, de loups, une séquence de légende : Jeanne d¹Arc, cette très jeune femme qui s¹impose comme chef de meute.
Le deuxième partie du livre est une course à l¹abime ; elle nous montre un
Gilles de Rais, las de la guerre, qui va se ruiner en réceptions, en fastes,
en musiciens et surtout lâcher la bonde à sa pédérastie criminelle, il aimait les jeunes garçon qu¹il tuait après les avoir violés ; on ne sait au juste, il fut accusé de 100 à 200 meurtres mais on parle de 700 à 800 morts, jeunes paysans pour l¹essentiel, souvent ses pages ; pour mener à bien cette entreprise, il avait tout un système de complicités, une garde rapprochée de types infects et efficaces.

L’écriture de Combescot semble sèche, des phrases courtes ou très courtes, par moments on dirait une main courante. L’avantage ? Un récit précis, raconté sur un mode un peu distant comme il le faut avec un monstre de ce genre, ni document à charge,ni plaidoyer ; un roman très documenté.
Belle scène de la bataille d’Azincourt, où 5000 chevaliers français, bardés
de fer, engoncés, orgueilleux, vont s¹enfoncer dans les boues du nord et périr
sous les flèches anglaises ; belle évocation aussi d¹une fausse Jeanne d¹Arc,
dix ans après la mort de la vraie et qui un temps abusera tout le monde ou
de Florence qui commence à sortir de ce haut moyen âge terrifiant et percer,
avant garde de la renaissance, dans une explosion d¹art et de marbre.

Belle façon aussi de montrer comment cette féodalité s¹essouffle, comment
le besoin permanent d¹argent la rend dépendante, du roi, des bourgeois, des
banquiers ( plus tard on dira les lombards).

La fin du « héros » est aussi passionnante, non seulement la façon dont il sera
conduit à la mort presque comme un saint devant une immense foule plutôt émue alors que Jeanne d¹Arc fut conduite au bûcher, abandonnée et sous les crachats ; utile évocation aussi de la descendance des de Rais.

Combescot est un auteur reconnu, prix Médicis 1986 pour « Les funérailles de la
sardine et Goncourt 1991 pour « Les filles du calvaire »



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