Garat

Anne-Marie Garat

Dans la main du diable

Actes Sud

910 pages

On écrit donc encore des romans à 1000 pages, comme avant. Signe d’une
reprise de confiance dans l’écriture romanesque et d’un regain d’intérêt
des lecteurs. « Dans la main du diable » se passe en 1913/1914.
L’héroine, la jeune Gabrielle, vit dans la nostalgie du bel amant
disparu en Orient, Endre Kertescz. Un jour, le ministère des armées lui
restitue la malle ayant appartenu au jeune homme. En fait il s’agit d’un
piège pour pousser Gabrielle à chercher d’où vient la malle, où était
son amant, avec qui, pourquoi en Orient ? Petit à petit se lève le voile
sur une machination des services de l’armée. On est à la veille de la
guerre, les protagonistes cherchent des armes nouvelles, chimiques
notamment. Gabrielle se trouve prise dans une vraie saga.

Un très beau livre d’aventures dont la puissance dramatique s’impose
d’emblée avec cette proximité de la grande guerre à venir. Une galerie
infinie de personnages superbement campés. Un talent incroyable du
portrait, du visage. Une belle peinture des différentes classes sociales
d’alors. Un vrai don de la description des lieux : Paris de 1913, le
Paris bourgeois, le Paris pauvre de la zone, notamment ce no man’s land
entre place d’Italie et Ivry... Un savoir-faire pour parler de la
musique, du luxe, de la lumière, des arts naissants comme le cinéma. Une
lente et très progressive histoire d’amour entre deux personnages forts,
orgueilleux, une fusion érotique aussi brève que brulante au final.
Bref, un grand roman sépia, non pas vieillot mais nous transportant dans
cet avant guerre mythique.

Anne Marie Garat est née en 1946 à Bordeaux. A beaucoup écrit depuis
vingt ans. Notamment Aden, en 1992, prix Fémina.



Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire