Augier

En règle avec la nuit

La narratrice est une septuagénaire, installée, vivant à l’Ouest, femme d’un
sous-ministre de l’intérieur ; elle mène une vie paisible, les enfants sont élevés, elle est tranquille ; on est bien dans un pays en guerre mais c’est si loin, la guerre. Pourquoi a t il fallu qu’elle offre un jour l’hospitalité à cette jeune femme venue d’ailleurs, une humanitaire, qui elle s’occupe de la guerre, à sa manière ? Les deux femmes doivent sympathiser malgré leur distance ; en tout cas le livre commence alors qu’on apprend que la jeune femme est morte dans un attentat, des autres, ceux de l’Est, tué par ceux qu’elle venait aider en somme ; la narratrice veut comprendre, elle va rencontrer l’assassin, le terroriste puis l’écrivain, vieil homme de l’Ouest mais pas du même bord que son mari, radicalement opposé même. Et petit à petit, lentement mais profondément, on va assister au retournement de la narratrice, à son passage de femme usée, indifférente, vide et tranquille à celui d’une femme vivante, libre et inquiète.

Beau roman qui fait penser à Israel et à la Palestine mais ici rien
n’est nommé ; on est dans une généralité de fable, d’allégorie.
Un témoignage sur la peur (enfermement, haine) ,la violence -feutrée des décideurs ou barbare de décapiteurs).

Le style étonne parfois, une sorte de froideur qui correspond bien au personnage de la narratrice, au décor ; difficile de faire du lyrisme ici ; une phrase un peu hachée, un usage curieux de la virgule, moins comme coupure classique d’une
phrase mais comme temps de pause dans un monologue.

Augier est née en 1978, trentenaire donc ; elle habite Jerusalem, a travaillé dans « l’humanitaire » ( Afghanistan).

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