Ardone

Le train des enfants

L’Italie encore : le roman « Le train des enfants » est inspiré d’une histoire vraie, comme on dit. De 1946 à 1952, à l’initiative du Parti Communiste Italien ( et de l’Union des femmes communistes), 70 000 enfants du Sud italien vont séjourner, plusieurs mois durant, dans les villes du Nord, réputées plus prospères, en Toscane notamment, où ils profiteront de l’hospitalité de familles rouges, fréquenteront leur école, se familiariseront avec des lieux de culture. Viola Ardone donne à cet épisode de l’histoire italienne une belle force romanesque. Nous sommes à Naples en 1946. Le petit Amerigo, huit ans, est un garçon malin, débrouillard et en manque de tout, en manque de père, évaporé, en manque d’affection de la part d’une mère trop rude à la tache. Amerigo est du voyage vers le Nord. L’organisation du déplacement suscite de vives réactions de la droite locale, des milieux cléricaux. Tout est fait pour saboter l’initiative ; on raconte que les enfants finiront en Sibérie, qu’ils vont mourir de froid. En vain. Superbe scène du départ en gare de Naples : les petits voyageurs, chaudement habillés par les organisateurs, redonnent par les fenêtres des wagons leurs nouveaux manteaux pour en faire profiter la fratrie restée sur place ! Arrivé à Modène, Amerigo est l’hôte d’une famille rouge de chez rouges. Les trois enfants se prénomment Rivo, Luzio et Nario, ce qui, pris ensemble, veut donc dire Révolution ! Le père est réparateur de piano et initie Amerigo à la musique, au violon. Quand il s’agira de quitter cette famille « Révolution », le chagrin sera au rendez-vous. Le retour à Naples sera rude pour le jeune garçon, ses retrouvailles avec sa mère devenues désormais impossibles. « On est coupés en deux » dit-il. Alors Amerigo fugue. Et Viola Ardone l’imagine , en 1994, quinquagénaire, devenu artiste, et adressant à sa génitrice, décédée, un ultime message : « On s’aimait de loin ! »

Albin-Michel



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