Reinhardt

Eric Reinhardt

Cendrillon

Stock

Un roman fleuve, de près de 600 pages, un livre qui ne ressemble à rien,
foisonnant, un labyrinthe mêlant plusieurs histoires, à peu près
impossible à résumer, qui donne une impression de « jamais lu », un
livre qui a été salué, encensé, qui a failli avoir le prix Renaudot puis
le Goncourt mais qui a du agacer aussi certains (dans le milieu de la
critique notamment, dont il est abondamment question ici) car « 
Cendrillon » n’a pas eu de prix, à l’arrivée. Un livre bourré d’énergie,
de vanité aussi, diront certains. Il y a un axe central et trois
sous-thèmes, pour dire vite. L’axe central : Eric Reinhardt parle d’Eric
Reinhardt, de sa vie de son oeuvre, de son bureau, de ses rv, de ses
conférences, de ses critiques dans la presse et dans le milieu de France
Culture avec lesquels il guerroie beaucoup, ses rapports avec les « 
people », les intellos de gauche, les plateaux de télévision, de sa
passion pour le quartier du Palais Royal, pour l’opéra ; c’est de
l’autofiction dans toute sa splendeur, pétulente, efficace, où le sens
des dialogues est remarquable.

Les trois sous thèmes traitent alternativement de la vie de trois
personnages que l’auteur a été ou aurait pu être : Laurent Dahl ou
l’argent ; Patrick Neftel ou la violence ; Thierry Trockel ou l’érotisme.

La phrase est survitaminée, avec des pages d’anthologie ( le repas du
cadre supérieur avec son patron). Reihnardt, c’est le fracas de la
société, l’évocation du culte du fric, un livre étonnant qui nous parle
de la mondialisation ; c’est le roman d’une classe dirigeante qui semble
s’autodévorer au nom de la rentabilité, de la concurrence, de la guerre
de tous contre tous, c’est le roman d’un capitalisme financier devenu
fou. En passant, on notera la puissance du romanesque capable de voir
avant les autres : ce roman en effet à l’automne dernier évoquait
longuement le destin d’un trader qui ressemble comme un frère jumeau à
ce Jérôme Kervyel, jeune cadre de la Société Générale qui a défrayé la
chronique cet hiver.

Eric Reinhardt est né à Nancy en 1965. Editeur, il est l’auteur de « 
Demi sommeil », « Le moral des ménages » et « Existence ».



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