Jélinek

Le destin de Iuri Voronine

Immigré russe de la première génération, Iouri Voronine vit chichement
aux Etats-Unis. A la mort de sa femme, son fils l’invite, l’oblige
plutôt, à partager son existence en Californie. Où il perd jusqu’à son
identité, adoptant le nouveau patronyme du rejeton, rebaptisé Lincoln !

Le vieil homme, dépaysé dans le monde des fortunés, dans ce ghetto de
riches de Beverly Hills, vit une sorte de nouvel exil. Le monde
clinquant des milliardaires, avec limousine et chauffeur, toute cette
débauche de luxe, le déboussolent. Seul moment de bonheur, sa rencontre
avec un marginal avec lequel il retrouve un peu de liberté.

Le vieux Iouri ne renonce pas à son désir de dénuement. Son rêve ?
devenir jardinier dans un couvent orthodoxe. Il arrivera à ses fins. La
seconde partie de l’ouvrage raconte son installation dans le milieu
monacal de la Côte Est.

Ce livre plein de mélancolie est le roman du dépouillement, de l’ascèse,
de la privation, du détachement, du renoncement, de la quête de la
simplicité, de la sobriété. Un livre aussi sur la (non) filiation. De
belles pages sur le regard tour à tour plein de colère ou
d’attendrissement du père sur ce fils prédateur et boursicoteur.

« Le destin de Iouri Voronine » a eu le prix de l’Académie française.

Henriette Jelinek (à ne pas confondre bien sûr avec l’autrichienne
Elfriede Jelinek, Nobel de littérature) est née en 1923. Son premier
roman, en 1961, « La vache multicolore », traite du trio amoureux. Une
douzaine d’ouvrages suivront. A été scénariste (de Jeanne Moreau ou
Nadine Trintignant).

Fallois



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