Depussé

Marie Depussé

Les morts ne savent rien

POL

Un livre plein de charme, de vie, de poésie, de liberté. Une histoire
simple, apparemment, qui raconte l’enfance heureuse dans le Morvan des
enfants Dépussé, deux frères, deux soeurs, les parents ; leur
déracinement et leur montée à Paris ; puis la mort de la mère qui est au
coeur du livre. Pour retrouver la parole perdue de cette mère, Marie,
l’aînée, décide de faire parler ses trois frères et soeur. Résultat : « 
ce texte écrit à 4 voix (qui) est une chanson d’amour ». Voilà donc le
premier niveau de cet ouvrage : une chanson d’amour à la mère.

L’histoire, ensuite, retrouve un cadre dont l’auteure est coutumière, la
clinique psychiatrique de La Borde, asile célèbre fondé par Jean Oury et
Félix Guattari, dans un château du Loir et Cher ; dans le parc de cet
asile, l’auteure a une maison de bois, une « cabane », ouverte ; on
retrouve volontiers dans son récit ce lieu, ces « fous », l’extrême
tendresse qui circule entre elle et eux ; il y a là des pages étonnantes
où on voit vivre, presque en symbiose, les gens de l’asile et la famille
de l’auteure, un mélange des genres troublant, une cohabitation insolite
de l’extrême « fantaisie » du fou et des postures des raisonnables.

On retiendra de belles pages sur « ces choses minuscules de l’enfance
qui deviennent inoubliables, impardonnables », comme une promenade en
vélo qui tourne à la trahison ; également sur le racisme et le silence
honteux de ceux qui en sont victimes ; sur la force de la folie.

Même si le texte est parfois érudit, avec des références romanesques,
livresques, filmiques, savantes, le troisième élément est à la fois la
simplicité et le charme de cette écriture. Une critique dira : « Il y a
là des touches infimes qui veulent tout dire. Des images auxquelles on
se demande pourquoi on n’y a jamais pensé soi-même et qu’on voudrait
noter ». Elle songeait peut-être à ce genre de phrases du roman : « les
gens parlent rarement, ils font du bruit avec les mots mais ils parlent
rarement ».

Marie Dépussé partage son temps entre l’Université de Jussieu et la
clinique de La Borde. On lui doit quelques romans au titre travaillé : « 
Dieu gît dans les détails »,

« Est-ce qu’on meurt de ça ? », « La où le soleil se tait », « Qu’est ce
qu’on garde ».



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