Obliegy

Le musée des valeurs sentimentales

Ce livre ressemble un peu à ces jeux de mots d’enfants que l’on appelle le jeu des kyrielles où on enchaîne des mots ou des expressions en reprenant comme première syllable la dernière syllabe de l’expression précédente comme dans la célèbre comptine : Marabout, bout de ficelle, selle de cheval, cheval’dire à ma mère etc...
*Ce livre est donc un immense jeu, un peu comme un long cadavre exquis. Un texte singulier qui enchante ou déroute le lecteur. C’est un peu comme le champagne, on trouve ça génial ou alors on pense qu’il y a trop de bulles !*

Les éditions Verticales nous ont habitués à ces écrits innovants de jeunes auteurs.

L’histoire est celle du vernissage d’une exposition de sculpture qui doit se dérouler dans les dépendances d’un château dit Le luxe, une propriété immense ; mais l’artiste invité Peter Weiss n’est pas là, et sa sculpture non plus. La femme de l’artiste dite « la wieille femme » sort pour fumer, s’égare et disparaît. En revanche, on aurait vu circuler dans la nature la sculpture qui porte un titre allemand « Bild und porzellan 2 » ; contrairement à son intitulé, ce n’est pas une oeuvre fragile mais une construction mastoc d’une tonne et demi de bois et d’acier, porté à dos d’homme, en fait sur les épaules d’une demi douzaine de polonais ( ou de presque polonais, nous dit-on) qui ont traversé avec l’objet l’Europe.

Bref ce livre raconte une soirée qui tourne au délire. On est ici « de l’autre côté du miroir », dans une espèce de machine à rêves qui n’est pas sans rapport avec l’enfance ( déjà la ritournelle...) : les rôles se dédoublent, les personnages nombreux ne sont jamais là où on les attend, l’intrigue se ramifie, on est vite face à un incroyable labyrinthe de visages et d’images.
Le critique de Télérama parle de « récit ténébreux qui n’est pas sans évoquer le romantisme allemand, les conte d’Hoffmann. »
L’auteure est née en 1971 ; elle a notamment écrit « Gens de Beauce » (2003) et « Faune » (2005).

Verticales



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