2 octobre 2015

Un flot incessant

Il y a quelques années, l’écrivain Charles Bukovski, dans « Retour du vieux dégueulasse », décrivait ainsi les médias américains : « En ce dimanche, j’écris pendant que j’entends tout autour de moi le bourdonnement des postes de télé. Un bourdonnement qui, par son mélange de sons et de vibrations, se confond avec un long borborygme. (…) L’Américain moyen se gave de vomissures et d’ordures tout le week-end. Il n’a pas la moindre chance de se changer les idées après sa semaine de servage. Au contraire, il est condamné à subir le flot incessant de soap opéras merdiques qui n’existent que pour leurs pauses publicitaires, et condamné à devenir une sorte de créature anonyme dépourvue de la moindre réactivité, à l’image de celles que vous croisez chaque jour dans la rue ». C’était en 1969. Pour le lecteur français de l’époque, tout cela ressemblait un peu à de la science-fiction. Ou à du fantastique. Mais aujourd’hui, on en est là, nous aussi. Ce flot incessant, ces sous-programmes qui n’existent que pour la pub, cette normalisation. Au secours ! Libérons les médias ! Et les journalistes.

Gérard Streiff


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