12 mars 2012

Les patrons et le F.N.

Officiellement, le MEDEF critique le F.N. : c’est ce que Laurence Parisot, très politiquement correcte, explique dans son petit livre, « Un piège bleu marine », chez Calmann-Lévy. Officieusement, c’est plus compliqué. Tout indique un attrait de plus en plus marqué des patrons pour les idées lepenistes. Quand le mouvement patronal ETHIC, fin janvier, organise une audition de Marine le Pen, non seulement il fait salle comble mais le public réserve un accueil euphorique à la leader d’extrême-droite, applaudissements nourris et tutti quanti. La stratégie du FN, ses idées, son projet de syndicats lepenistes par exemple, tout cela ne peut qu’intéresser les patrons. Et puis ils vérifient que dans toute l’Europe, les fachistoïdes épaulent méthodiquement les politiques ultralibérales. En Grèce, c’est le FN local qui, au gouvernement, a validé les privatisations et la baisse des pensions. En Autriche, c’est un ministre brun qui tint l’économie pour faire la politique la plus libérale depuis la guerre. Au Danemark, de 2001 à 2011, ces ultras ont encouragé une réforme fiscale réduisant l’impôt sur le revenu des plus aisés, divisant l’indemnisation du chômage par deux et réduisant les allocations familiales. Au Pays-Bas, l’extrémiste Geert Wilders épaule le premier ministre de droite, par ailleurs ex-DRH de la multinationale Unilever. Bref, comme l’écrit l’économiste Philippe Askenazy, « l’extrême droite en Europe au pouvoir est systématiquement un pilier des politiques néolibérales et ultimement du grand capital ». Nos patrons l’ont bien compris.

Gérard Streiff


Site réalisé par Scup | avec Spip | Espace privé | Editeur | Nous écrire