16 mars 2010

Réunion de famille

*Touchante atmosphère, l’autre soir, dans les salons de Bercy : tout le
gratin bourgeois était là, en rangs serrés, les patrons et leurs
plumitifs, toute la nomenclature de l’establishment, les vieux briscards
du 16e et les jeunes technos de HEC. Tout ça se connaissait comme
larrons en foire et le ton de la soirée fut non seulement « amical »
mais « chaleureux » dixit la préposée à la rubrique « Distinctions » du
Figaro. Pensez : pas question de louper ça, c’est à dire la décoration de
Frédéric Lemoine, le patron de Wendel, par Christine Lagarde, ministre
de l’économie. Entre les uns et les autres, il y avait comme de la
consanguinité dans l’air, on n’ose dire : de l’inceste. Car on était
vraiment entre soi. Et dame Lagarde y est allé d’un discours du coeur, « 
virtuose » précise le quotidien de Dassault. Elle a salué un patron qui
a le sens « de l’intérêt général et collectif, ce qui n’est pas le
monopole du service public » (sic). A ses côtés, Ernest-Antoine
Seillière, accessoirement président du conseil de surveillance de
Wendel, opinait. Elle a loué l’« esprit d’entreprise » de Lemoine, ses « 
valeurs humanistes et européennes » . La ministre a même poussé le
bouchon jusqu’à le qualifier non pas d’ « d’homme nouveau » mais « 
d’homme complet » ! Et dans sa réponse, le patron de Wendel a assuré
qu’il connaissait bien Lagarde : ils s’étaient connus à … Davos, quand
elle était avocate d’affaires internationales. Comme le monde est petit
pour ces gens-là...*

*Gérard Streiff*


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