5 juin 2012

Encanaillé

« La banque, je la ferme, les banquiers, je les enferme ! » : on attribue cette forte phrase à Vincent Auriol. Elle date de 1925. Il était alors président de la Commission des finances et parlait de la Banque de France. Plus tard, il démentira. Dommage car la formule est plaisante. Le « mur d’argent », lui, n’a pas changé. Il se serait même épaissi au fil du temps. Les 200 familles du temps du Front Popu (les 200 premiers actionnaires de la Banque de France) ont fait des petits. Une enquête publiée par Le Figaro Economie du 1er juin dernier signale par exemple qu’on dénombre en France aujourd’hui 200 000 millionnaires en dollars (Rapport annuel du Boston Consulting Group ou BCG). Une armada. L’argent s’est solidifié, il s’est aussi en partie encanaillé. Dans un essai récent signé Alain Bauer et Christophe Souliez, « Une histoire criminelle de la France » (Odile Jacob, avril 2012), les auteurs évoquent évidemment de grands moments comme la Cour des Miracles ou Mandrin, la French Connection et la Brise de Mer, Pierrot le fou et les Apaches. Mais leur étude a surtout le mérite de souligner une métamorphose du crime ces dernières années. « Le crime et la finance, disent-ils, ne vivent plus seulement côte à côte. Une partie de la finance mondiale a choisi d’investir avec le crime, et parfois dans les activités criminelles ». D’ici à se faire braquer par les banquiers...

Gérard Streiff


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