12 mai 2010

L’infotainment

Le mot nous vient d’Amérique. Il peut se traduire par
info-divertissement. Il signifie que l’information politique étant par
nature ennuyeuse, il faut la faire passer sur un mode ludique, amusé,
drôle. On n’interroge plus un(e) responsable politique sur ses
orientations mais sur sa vie privée, ses réussites, ses échecs.

L’infotainment triomphe déjà aux USA, elle prospère en Italie, on la
sent poindre ici. Elle participe d’une dépolitisation générale des
médias télévisuels. Finies les grandes émissions en début de soirée
genre « Cartes sur table » ou « L’heure de vérité », disparus du prime
time toutes les programmations qui touchaient un large public. La
politique est renvoyée à des talk-shows où on « pipolise » ou alors à
des heures indues, la nuit ou l’après-midi, comme la culture d’ailleurs.
C’est la loi de l’audimat. Et ne parlons pas des Journaux télévisés où
triomphent le fait divers, le faits de société, le sport, bref
l’anecdote, toujours l’anecdote. Cette régression démocratique n’est pas
pour rien dans le phénomène inquiétant de l’abstention. Lors des
dernières régionales, il fut à peine question de ce scrutin à la télé.
Il serait intéressant de comparer le temps d’antenne réservé d’un côté
au Tournoi des six nations et de l’autre à celui des régionales.. On se
rappelle peut-être que le CSA avait mis en garde les médias en
regrettant « la raréfaction de l’espace consacré au débat public ».
C’était en 2002. Depuis, on a fait beaucoup mieux.

Gérard Streiff


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