24 novembre 2011

Alignement

Un récent sondage, repris avec surprise ou gourmandise dans nombre de médias, indiquerait que 85% des jeunes ( lycéens, étudiants) ont confiance dans l’armée, l’institution qui susciterait le maximum d’adhésion, devant l’école, les mairies, les syndicats... sans parler des partis politiques (13% de soutien). Cette armée servirait à « défendre » pour 53%, à « protéger » pour 15%, à « maintenir la paix » pour 7% et à « faire la guerre » pour 6%. On peut toujours se consoler en notant que c’est l’armée, justement ( plus exactement l’Irsem, Institut de recherche de l’école militaire), qui a effectué ce sondage, avec le Cévipof, et se dire qu’on a quelque part tordu un peu les chiffres. N’empêche, ces résultats intriguent. Droitisation des jeunes, épris d’ordre et de discipline ? C’est l’interprétation du Figaro ( 11 novembre) qui parle du « vrai visage de la jeunesse » , « attachée à l’identité et à la nation » ; l’article continue : « Cette crise de confiance (dans les institutions autres que l’armée,NDR) est partagée par toute la jeunesse européenne, attirée de plus en plus par les mouvements populistes. » Etonnant paradoxe : alors que le rôle de cette armée dans les guerres coloniales est aujourd’hui plus volontiers dénoncé ( voir le Goncourt 2011 ou le dernier Kassovitz, entre autres), renaitraient des envies de petit-doigt-sur-la-couture-du-pantalon ? Tout se passe comme si la crise charriait tout et son contraire, l’énergie des indignés et la nostalgie de la soldatesque.

Gérard Streiff


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