8 juin 2018

Pas couché

A méditer cette phrase de John Le Carré : « Le territoire le plus rude pour moi, ces temps-ci, c’est l’Amérique où l’on me présente comme antiaméricain, antisémite, anti-Dieu et anti tout et tout le monde. Défendre mon image là-bas est à peu près aussi utile que de déclarer :Non, je ne suis pas un pédophile ».
Voici comment l’Amérique traite cet écrivain surdoué, à qui certains pensent pour un prochain prix Nobel de littérature. Fustigé parce qu’il refuse de s’aligner sur les standards US, parce qu’il critique l’atlantisme béat aujourd’hui tant à la mode, parce qu’il ne se couche pas devant l’oncle Sam – ce que fait si bien le Président Macron-, parce qu’il dit ce qu’il pense des provocations du gouvernement israélien.
Curieusement (?), cette phrase avait disparu de la version française des Mémoires de l’auteur, « Histoire de ma vie », publiés au Seuil en 2016. Comme l’écrit sa traductrice Isabelle Perrin, ça n’a pas été retenu « tant il détonnait par sa causticité et, peut-être, son honnêteté sans fard... » Cette dernière rétablit le texte dans les Cahiers de l’Herne consacré à John Le Carré.

Gerard Streiff


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